Philippe Sly a remporté non seulement le premier prix (30 000 $) du Concours musical international de Montréal, consacré cette année au chant, mais encore tous les autres prix auxquels il était éligible, c'est-à-dire les quatre prix spéciaux : prix Chalmers du meilleur concurrent canadien (10 000 $), prix Joseph-Rouleau du meilleur concurrent québécois (5 000 $), prix de la meilleure exécution de la pièce inédite imposée aux 23 concurrents (5 000 $) et Prix du public (5 000 $).

Au total, le baryton montréalais de 23 ans a accumulé la somme imposante de 55 000 $. Un record dans l'histoire du Concours, dont se rapprochent cependant deux grandes gagnantes de précédentes compétitions de chant : Measha Brueggergosman (42 500 $ en 2002, l'année du lancement du Concours) et Marianne Fiset (49 000 $ en 2007).

Le beau grand garçon toujours souriant l'était un peu plus chaque fois qu'il sortait des coulisses pour recevoir tous ces prix, annoncés l'un après l'autre à l'auditoire étonné par M. André Bourbeau, président du Concours et président du concert-gala, donné avec l'OSM à la Maison symphonique.

Philippe Sly faillit recevoir aussi le contrat d'enregistrement offert par la maison ATMA. Comme il est lié à une autre marque, Analekta, la direction de ATMA a choisi le ténor Yuri Gorodetsky, de Biélorussie, pour le disque du Concours, qui sera composé de mélodies russes.

Animé en mode bilingue par Mario Paquet et Kelly Rice, l'événement de deux heures, avec entracte, comportait une première au Concours : le concert-gala faisait entendre chacun des huit finalistes, et non plus seulement les trois ou quatre premiers, comme c'est la coutume. On ignore si la nouvelle formule pourra être reprise en piano et en violon, un mouvement de concerto étant plus long qu'un air d'opéra ou d'oratorio. Tout ce qu'on sait pour l'instant, c'est que le Concours de l'an prochain, consacré au violon, se déroulera exceptionnellement du 6 au 17 mai, en raison des engagements de l'OSM.

Après une ouverture des Meistersinger affectée d'une surcharge sonore sans doute attribuable à une mauvaise position des réflecteurs acoustiques, le programme entier, soit 10 pièces, était exclusivement vocal.

En début et en fin de programme, on entendit, dans cet ordre, d'abord le baryton américain John Brancy (troisième prix, 10 000 $), ensuite la soprano suisse Olga Kindler (deuxième prix, 15 000 $) et finalement, déjà nommé, le grand vainqueur Philippe Sly, chacun reprenant des pièces qu'il avait présentées en finale.

Le jour de l'épreuve étant passé, on nota chez chacun un léger relâchement et, conséquemment, de légères imperfections. Les voix de Sly et de Brancy n'en restent pas moins très fermes et très belles et le sens dramatique de Kindler, toujours aussi intense.

Sly chanta également, avec Esther Gonthier au piano -- et avec la partition --, la courte pièce imposée dont il fut jugé le meilleur exécutant, pièce hélas! sans intérêt, du Canadien John Estacio, et intitulée Daybreak. Les cinq autres finalistes, dont chacun reçut une bourse de 2 000 $, se partagèrent les trois autres numéros du programme, soit des duos de La TraviataLakmé et Les Pêcheurs de perles, Olga Kindler participant exceptionnellement au duo de Lakmé.

Le concert se termina de la même manière que le Gala annuel de l'Opéra de Montréal : par le «Libiamo» de La Traviata, réunissant à l'avant-scène 17 des 23 concurrents, les autres étant retournés chez eux après avoir été éliminés.

CONCOURS MUSICAL INTERNATIONAL DE MONTRÉAL. Discipline : chant. Concert-gala des lauréats. Orchestre Symphonique de Montréal. Chef invité : Alain Trudel. Hier soir, Maison symphonique, Place des Arts.