La brochure de saison de la Société de musique de chambre de Montréal donne celle-ci comme ensemble instrumental à geométrie variable et comme présentatrice d'artistes. C'est ainsi que la Société présentait un pianiste étranger en récital le 19 octobre dernier et qu'hier soir, elle devenait un ensemble variant de trois à cinq instrumentistes.

Malgré un nom ambitieux et prometteur et une dizaine d'années d'existence, ladite Société ne s'est pas encore imposée auprès du public. Son concert n'avait attiré qu'une centaine de personnes à la salle Bourgie, où l'on peut recevoir plus de quatre fois ce nombre. Pourtant, l'attrait de la nouvelle et accessible salle aux vitraux Tiffany est toujours aussi vif, le calendrier musical n'était pas chargé et le programme très substantiel valait le déplacement : premier Trio élégiaque de Rachmaninov, Trio op. 67 de Chostakovitch, Quintette op. 81 de Dvorak.

Il y a un problème, cela est évident, et le problème, à mon sens, est celui-ci. Patrice Laré, le fondateur et directeur général de ladite Société, qui est aussi le pianiste de l'ensemble instrumental, s'entoure de musiciens plutôt faibles. En 1997, à Pro Musica, M. Laré était le très fort pianiste d'un certain Trio Rachmaninov au violoniste médiocre et à la violoncelliste jouant faux. En 2008, je retrouvais M. Laré comme pianiste d'un autre trio, anonyme cette fois, mais avec la même violoncelliste qui, 11 ans plus tard, jouait plus juste mais tout aussi timidement.

Jamais deux sans trois. La violoncelliste était encore là hier soir. Je pense qu'il est temps de la nommer : Velitchka Yotcheva, native de Bulgarie, directrice artistique de ladite Société, épouse de M. Laré et qui, nous informe le programme dans un encadré, «porte une création de Marie Saint Pierre».

Hier soir, la violoncelliste n'a pas connu de réels problèmes de justesse, mais son jeu n'était jamais vraiment affirmé. En fait, c'est plutôt la violoniste qui jouait un peu faux. L'autre violoniste était inaudible et l'altiste était inégal : il s'agissait de Douglas McNabney, le mari de la directrice de la salle Bourgie. Un hasard, sans doute. Tout comme la présence dans le mince auditoire du ministre des Finances, Raymond Bachand.

Cette fois encore, c'est Patrice Laré qui menait les opérations, présent dans trois oeuvres sur trois et, de toute la petite bande, le seul à donner la pleine mesure de son instrument et la pleine mesure de l'oeuvre abordée. Autour de lui, l'impression se limitait à quelque séance improvisée d'amateurs doués se réunissant à l'occasion pour faire de la musique. Dans les circonstances, il est impossible de parler d'interprétation puisqu'en fait, il n'y en eut point.

SOCIÉTÉ DE MUSIQUE DE CHAMBRE DE MONTRÉAL. Jeudi soir, salle Bourgie du Musée des beaux-Arts.

Programme:

Trio élégiaque pour piano, violon et violoncelle no 1, en sol mineur (1892) - Rachmaninov

Trio pour piano, violon et violoncelle no 2, en mi mineur, op. 67 (1944) - Chostakovitch

Quintette pour piano et quatuor à cordes no 2, en la majeur, op. 81, B. 155 (1887) - Dvorak