Chef de l'Orchestre symphonique du Conservatoire de Montréal, en plus d'être le directeur de l'institution depuis trois ans, Raffi Armenian avait imaginé pour la rentrée d'après les Fêtes un programme d'une grande originalité, présenté exceptionnellement trois fois: dimanche à Sherbrooke, hier soir et ce soir au Conservatoire même.

Avenue Henri-Julien, le concert est donné dans cette salle de 237 places qui sert à l'art dramatique et à la musique, et qui s'appelle Théâtre Rouge. On avait d'abord indiqué que le nom était temporaire, mais il semble bien qu'il sera permanent.

«Mozart et plus!» promet l'affiche. C'est presque le nom de l'ancienne série estivale de l'OSM. Armenian confie l'entrée en matière, l'ouverture de Don Giovanni, à l'un de ses élèves en direction, Philippe Ménard. Bien qu'encore timide, le garçon obtient de ses collègues un vrai son d'orchestre. Plus tard, il se voit confier Dumbarton Oaks, l'amusant petit concerto néoclassique pour vents et cordes que Stravinsky composa pour un millionnaire américain. La pièce est brève mais difficile rythmiquement, et d'autant plus que l'orchestre y est réduit de 50 à 15 musiciens et donc presque à nu. Tout se déroule bien, avec, aux bois, de fort belles couleurs.

Le programme met en vedette trois élèves des classes d'instruments. On note, chez les trois, cette assurance qui repose sur une préparation sérieuse et met l'auditeur en confiance. (En passant, ces élèves jouent tous de mémoire. Peut-être pourraient-ils expliquer à un certain pianiste français comment ils s'y prennent...)

La clarinettiste Geneviève Rivard, élève de Jean-François Normand, joue le Concertino de Weber avec une articulation très nette et une belle sonorité au chalumeau. Quelques passages en staccato à parfaire cependant. Le flûtiste Alex Héon-Goulet, élève de Marie-Andrée Benny, traverse le long et difficile Concerto de Nielsen avec une technique impeccable et même de l'humour, le compositeur demandant au soliste de «saluer» quelques premiers-pupitres au passage. Enfin, le violoncelliste Benjamin Ledoux, élève de Carole Sirois, montre la force requise, doubles cordes et le reste, dans le premier mouvement du premier Concerto de Chostakovitch (le programme n'indique pas le bon mouvement).

Raffi Armenian, qui assure l'accompagnement des trois solistes, termine le concert avec, de Mozart déjà nommé, la grande Symphonie en sol mineur, no 40. Il y commande plus de reprises que ne le veut la tradition et, par le fait même, en demande davantage aux jeunes musiciens. Les violons et surtout les cors connaissent des moments difficiles, mais, pour l'ensemble, c'est là une exécution en place et toujours sentie.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DU CONSERVATOIRE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Raffi Armenian. Chef invité: Philippe Ménard. Solistes: Geneviève Rivard, clarinettiste, Alex Héon-Goulet, flûtiste, et Benjamin Ledoux, violoncelliste. Hier soir, Théâtre Rouge du Conservatoire; reprise ce soir, 19 h 30.

Programme:

Ouverture de l'opéra Don Giovanni, K. 527 (1787) - Mozart

Concertino pour clarinette et orchestre en mi bémol majeur, op. 26, J. 109 (1811) - Weber

Concerto pour flûte et orchestre (1926) - Nielsen

Premier mouvement (Allegretto) du Concerto pour violoncelle et orchestre no 1, en mi bémol majeur, op. 107 (1959) - Chostakovitch

Dumbarton Oaks, Concerto en mi bémol (1938) - Stravinsky

Symphonie no 40, en sol mineur, K. 550 (1788) - Mozart