Le célèbre ténor mexicain Rolando Villazon, après une opération des cordes vocales, a reçu lundi soir pour son retour à la scène des ovations sans précédent de l'un des publics les plus difficiles au monde, celui du Staatsoper de Vienne.

En présence du gratin de la critique musicale internationale, Rolando Villazon, à 38 ans, dans le rôle de Nemorino dans l'opéra-comique L'elisir d'amore du compositeur italien Gaetano Donizetti (1797-1848), spectacle unique donné à guichets fermés, a connu un triomphe qui l'a ému jusqu'aux larmes: le chef d'orchestre, l'Italien Daniele Callegari, a dû interrompre la musique d'orchestre à pas moins de 12 reprises - du jamais vu - pour laisser un public enthousiaste célébrer son idole.

Des fans venus des quatre coins de la planète et qui n'auraient pour rien au monde voulu manquer la réapparition sur les planches de l'une des grandes stars de l'opéra d'aujourd'hui ont donné le ton trois minutes après le début du spectacle en applaudissant à tout rompre l'entrée en scène du ténor à l'abondante chevelure noire et bouclée avant même d'avoir entendu le son de sa voix.

Avant le final, suivi d'ovations à répétition pendant la bagatelle de 23 minutes, Rolando Villazon avait exécuté un dynamique et contrasté solo - Una furtima lacrima - du dernier acte qui lui avait déjà valu six minutes d'ovations de la part de spectateurs subjugués, avec trépignements des pieds sur le parquet de l'auguste salle vieille de 141 ans.

Mais, comme toute star, le natif de Mexico a aussi ses détracteurs et ceux d'entre eux présents à Vienne n'ont pas manqué de mettre en relief «une voix avec moins d'ampleur qu'avant», selon les termes de l'un d'entre eux.

Contraint d'annuler en avril 2009 tous ses spectacles après la découverte d'un kyste sur ses cordes vocales, il avait déjà dû interrompre sa carrière pendant de longs mois en 2007 pour raisons de santé alors que lui-même ne parlait que de surmenage.

Révélé lors du festival de Salzbourg en 2005 aux côtés de la soprano russe Anna Netrebko dans La Traviata de Giuseppe Verdi, Villazon a depuis occupé les scènes et les studios d'enregistrement pour y graver un répertoire particulièrement vaste allant de l'opéra baroque à de petits rôles de l'imposante oeuvre wagnérienne. Outre ses talents de comédien, ses interprétations passionnées et exubérantes de ténor romantique ont fait sensation dans des oeuvres de Donizetti, de son compatriote Giacomo Puccini, des compositeurs français Charles Gounod et Jules Massenet.

Face à un tel appétit professionnel, certains avaient craint, lorsqu'il a annoncé son opération des cordes vocales, qu'il ne revienne jamais à la scène. Cependant, dès novembre, le Mexicain infatigable faisait savoir dans un message vidéo diffusé sur son site internet qu'il avait «retrouvé sa voix».

Après Vienne, Villazon se glissera le 26 mars à Berlin dans la peau de Lensky de l'opéra Eugène Oneguine du compositeur russe Piotr Tchaïkovski, puis chantera à Hambourg, Londres, Paris et Munich. Des récitals sont également prévus avec la pianiste française Hélène Grimaud le 18 avril à Paris, puis à Verbier et Salzbourg, ainsi qu'une autre Traviata à Zurich et L'elisir d'amore à Munich.

L'an prochain, il veut faire ses débuts comme metteur en scène avec une production du Werther de Massenet à l'Opéra de Lyon, en France.