À ceux qui lui reprochent de ramener trop souvent les mêmes ouvrages éculés, l'Opéra de Montréal répond, et doublement, par un argument de taille: Simon Boccanegra, une rareté signée Verdi, que défendra une distribution de chanteurs presque tous inconnus. Première ce soir, 20h, salle Wilfrid-Pelletier de la PdA, pour cinq représentations.

Basé à la fois sur des faits historiques et sur une pièce de théâtre d'Antonio Garcia Gutiérrez, le scénario se déroule à Gênes au XIVe siècle et a pour personnage central un simple pirate qui accède au très haut poste de doge de la république.

 

Dans la liste des quelque 30 opéras de Verdi, Simon Boccanegra occupe la 22e place, entre La Traviata et Un Ballo in maschera. L'oeuvre connut deux versions. Longtemps après la création de 1857, Verdi en fit une révision, avec l'aide d'Arrigo Boito pour le livret, et c'est cette seconde version, créée 24 ans plus tard, en 1881, qui est présentée de nos jours.

Simon Boccanegra comporte un prologue et trois actes. Coïncidence, on note le même écart de 24 ans entre ce prologue et le drame proprement dit. Au prologue, qui se passe en 1339, les plébéiens Paolo Albiani et son ami Pietro, souhaitant réduire le pouvoir des patriciens (les nobles), persuadent Boccanegra de se faire élire doge. Celui-ci accepte: il pourra ainsi épouser la fille du puissant patricien Jacopo Fiesco, Maria, avec laquelle il a eu un enfant. Mais Maria meurt et l'enfant, une fille, disparaît.

Le scénario nous mène ensuite à 1363, au palais des Grimaldi. Dans les jardins, face à la mer, une certaine Amelia Grimaldi attend son amoureux, le noble Gabriele Adorno. Celui-ci conspire contre Boccanegra avec l'aide du tuteur d'Amelia, Andrea Grimaldi, qui n'est autre que Fiesco vivant sous un nom d'emprunt. Boccanegra découvre en Amelia sa propre fille, disparue il y a 24 ans, et qui s'appelle Maria, comme sa mère.

L'histoire se complique encore, pour aboutir à un dénouement assez simple. Au vindicatif Fiesco, Boccanegra rappelle leur entente passée: la réconciliation si Fiesco retrouve l'enfant de sa fille. Or, cet enfant, c'est Amelia. Victime des intrigues qui se multiplient autour de lui, Boccanegra meurt empoisonné, en cédant le trône à Adorno redevenu son allié.

L'Opéra de Montréal présente Simon Boccanegra dans une scénographie en location du San Diego Opera et avec des chanteurs totalement inconnus dans les quatre principaux rôles masculins: les Italiens Alberto Gazale (Boccanegra) et Roberto de Biasio (Adorno), le Turc Burak Bilgili (Fiesco) et l'Américain Daniel Sutin (Albiani). Dans l'unique grand rôle féminin, Maria Boccanegra/Amelia Grimaldi, on retrouvera la Japonaise Hiromi Omura, la touchante Butterfly de 2008. Les trois petits rôles ont été confiés à des chanteurs d'ici, dont Alexandre Sylvestre. David Gately a réglé la mise en scène et Keri-Lynn Wilson dirigera l'Orchestre Métropolitain et le Choeur de l'OdM.

Simon Boccanegra, première ce soir, 20h, salle Wilfrid-Pelletier de la PdA, pour cinq représentations jusqu'au 25 mars.