Jean-Philippe Tremblay et son Orchestre de la Francophonie canadienne donnaient les neuf Symphonies de Beethoven deux fois l'été dernier, à Québec en juillet et à Montréal en août, dans chaque cas en quatre concerts et dans l'ordre chronologique de composition. L'intégrale de Québec, au Palais Montcalm, fut enregistrée par Analekta, qui la publie en un coffret de cinq compacts. On note que le «canadienne» du nom original a disparu. C'est que l'orchestre acceptera désormais des musiciens d'autres pays de la Francophonie.

Ce premier enregistrement canadien des neuf Symphonies de Beethoven a la double particularité d'avoir été effectué en public, et par un orchestre de jeunes, renouvelé en partie chaque année. On entend quelques toux, on encore le chef taper du pied, mais tous les bruits entre les mouvements ont été supprimés; seuls ont été retenus les applaudissements et bravos qui suivirent chaque symphonie. Quelques corrections furent apportées à l'enregistrement, mais dans le seul cas de fautes majeures.

 

L'intégrale Beethoven de Jean-Philippe Tremblay ne modifie certainement pas une discographie déjà plus qu'abondante, mais elle s'écoute bien. Les effectifs moyens - 53 musiciens et une dizaine de plus pour la célèbre Neuvième - confèrent une qualité de musique de chambre à un ensemble déjà allégé par un vibrato sobre, la répartition des violons de chaque côté du chef et des tempi plutôt allants, dont un seul n'est pas tout à fait juste: le mouvement lent de la Neuvième est indiqué «adagio molto» et Tremblay le prend trop vite, presque «andante». Autre petite réserve: comme il fait systématiquement toutes les reprises, on ne comprend pas qu'il omette celle du mouvement lent de la première Symphonie. Le passage n'aurait pris que deux minutes.

Comme interprète, il s'en tient à une approche traditionnelle mais toujours musicale, expressive et fidèle aux indications de dynamique. Son jeune orchestre lui répond vivement et la coordination entre les groupes se fait avec naturel. Bien que l'on soit conscient qu'il ne s'agit pas là d'un «grand» orchestre, principalement en ce qui concerne les cordes, l'ensemble sonne bien; les bois sont particulièrement soignés. Une certaine fatigue avait gagné ces jeunes en fin de parcours. Quatre soirs consécutifs de Beethoven, c'était, en effet, leur demander beaucoup!

La Neuvième occupe le cinquième et dernier disque. Une certaine confusion s'y mêle à l'enthousiasme général et Étienne Dupuis détonne un peu dans le récitatif d'entrée. Les autres solistes sont Marie-Josée Lord, Geneviève Couillard-Després et Guy Bélanger. L'énergique choeur avait été préparé par Martin Boucher.

La prise de son est généralement précise; on perd simplement quelques passages des violons à deux ou trois endroits.

BEETHOVEN

ORCHESTRE DE LA FRANCOPHONIE. DIR. JEAN-PHILIPPE TREMBLAY

ANALECTA, COFF. 5D.,

AN 29 975-9

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