Anastasya Terenkova, pianiste russe de 28 ans et élève à Paris de Jacques Rouvier, donnait mercredi soir son premier récital au Canada à l'initiative de Dominique Morel, elle-même pianiste et directrice artistique de la Maison Trestler, de Vaudreuil-Dorion.

Encore inconnue ici, la nouvelle venue avait attiré moins de 100 auditeurs. Mais son succès fut complet et, surtout, pleinement mérité.

 

La délicate et discrète jeune fille déploie au piano une technique et une puissance herculéennes, en nette contradiction avec son physique de ballerine. En ce sens, elle rappelle l'Arménienne Nareh Arghamanyan entendue récemment à Lanaudière. Il y avait même lieu de se demander si le fragile Fazioli de Trestler allait tenir le coup sous les assauts en doubles octaves de La Grande Porte de Kiev, le tonitruant morceau final de la suite Tableaux d'une exposition de Moussorgsky. Le piano ne céda pas et le résultat musical fut intact.

Concernant le piano, on note maintenant une différence dans l'harmonisation générale: grave feutré, médium neutre, aigu scintillant. Si le clavier a perdu de son égalité, en revanche le travail effectué sur l'instrument semble avoir éliminé la surcharge sonore créée par l'exiguïté du salon de Trestler et son plafond très bas.

Malgré le piano imparfait, l'invitée y créa d'intéressantes oppositions de sonorité dans un groupe Scarlatti. Elle révéla ensuite sa belle musicalité dans deux Mazurkas de Chopin et réalisa des prodiges de force et de vélocité dans la paraphrase de Liszt sur le Rigoletto de Verdi. Le Moussorgsky monopolisant l'après-entracte permit à la jeune et éblouissante virtuose de s'imposer comme interprète raffinée et coloriste née.

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ANASTASYA TERENKOVA, pianiste. Mercredi soir, Maison Trestler, de Vaudreuil-Dorion. Présentation parlée: Dominique Morel. Programme: Sonates Kk. 125, 27, 24 et 141 - Scarlatti Mazurkas op. 24 no 2 et op. 17 no 4 - Chopin Paraphrase sur Rigoletto de Verdi (1860) - Liszt Tableaux d'une exposition (1874) - Moussorgsky