La relationniste du Festival de Lanaudière précise: «L'horaire de Jean-Marie Zeitouni est trop chargé cette semaine pour une entrevue en personne. Je vous propose un 15 ou 20 minutes par téléphone.»

Accepté. Le chef d'orchestre me donnera d'ailleurs 24 minutes.

Très occupé, en effet. Il dirigeait le Concerto pour orchestre de Bartok samedi dernier à Houston, Texas, et entreprenait dès son retour les répétitions des deux concerts qu'il donne à l'Amphithéâtre ce soir et demain soir, 20 h, avec l'Orchestre du Festival.

Combien d'heures travaille-t-il par jour? «Présentement, c'est 20.» Ce qui veut dire... quatre heures de sommeil seulement? «Exact!»

Une seule oeuvre occupe le concert de ce soir: la Messa per Rossini, qui fait près de deux heures. J'ai parlé trois fois déjà de cette oeuvre écrite à la mémoire de Rossini par 13 compositeurs dont Verdi, seul connu du groupe. L'oeuvre fut révélée en 1989 par quelques concerts et un enregistrement.

«C'est notre découverte, à Alex (Alex Benjamin, directeur de la programmation du Festival) et moi. Nous cherchions quelque chose d'inusité. L'oeuvre n'a pas été donnée depuis 20 ans et n'est pas encore publiée. Nous travaillons sur des photocopies du manuscrit, en location de Ricordi.»

Demain soir, M. Zeitouni dirigera le troisième Concerto pour piano de Rachmaninov, avec Valentina Lisitsa en soliste, et une oeuvre de 40 minutes du Chinois Tan Dun, The Map, où des musiciens occidentaux, sur scène (un violoncelliste et un orchestre), dialoguent avec une vidéo de musiciens chinois jouant sur des instruments traditionnels.

Jean-Marie Zeitouni a passé les quatre derniers mois aux États-Unis, dirigeant notamment Il Re pastore de Mozart à St. Louis et la Handel and Haydn Society de Boston. En 2011, il dirigera Manon de Massenet à Cincinnati.

Ses préférences en musique? «Les trois M: Monteverdi, Mozart et Mahler, qui ouvre la porte du XXe siècle. Et j'aime tout le XXe siècle. La complexité rythmique de cette musique ne me cause pas de problèmes, ayant d'abord été percussionniste.»

Le Montréalais de 34 ans a finalement choisi la direction, qu'il travailla avec Raffi Armenian à Vienne, ce qui lui donna, du même coup, une pleine connaissance de la langue allemande.

L'oeuvre qu'il aime par-dessus tout? «Aujourd'hui, ce serait Le Chant de la terre, de Mahler.» Et celle qu'il déteste le plus? «Je m'abstiens... Je peux vous dire que c'est italien et que c'est de l'opéra. Mais je ne veux pas préciser car des amis participaient à cette présentation récente. Non, ce n'est pas Lucia di Lammermoor, que j'adore!»