The Fairy Queen, de Purcell, est une adaptation très libre d'une oeuvre déjà passablement fantaisiste, A Midsummer Night's Dream, de Shakespeare, et la production qui ouvrait jeudi soir le septième Montréal Baroque traitait à son tour avec beaucoup de liberté, visuellement surtout, le semi-opéra de Purcell.

Le terme assez rare de «semi-opéra» s'applique, comme on sait, à un genre bien particulier: une pièce de théâtre avec beaucoup de musique où alternent rôles parlés et rôles chantés.

 

Toute la programmation de Montréal Baroque cette année est axée sur Purcell et le 350e anniversaire de sa naissance. Selon une légende, le compositeur anglais mourut empoisonné au chocolat, d'où le titre général - et un rien vulgaire - de Death by Chocolate/Chocolat à mort donné au festival. Le premier nom que la directrice prononça au micro en ouvrant le festival, à 19h précises, fut pourtant celui de... Michael Jackson.

Pas de scénario précis dans ce spectacle de près de deux heures sans entracte. Plutôt, une succession de pièces instrumentales et vocales, de danses et de sketches pour quelques acteurs.

Au fond du plateau, Erin Helyard dirigea, avec une rare souplesse de phrasé, la Bande Montréal Baroque - une vingtaine de musiciens, dont beaucoup de vents, comme le requiert cette musique colorée. Les chanteurs étaient tous excellents, en particulier le ténor Charles Daniels qui, déguisé en femme, révéla un extraordinaire talent comique, pour retrouver ensuite son sérieux avec une générosité vocale rare en musique ancienne.

Même très haut professionnalisme chez les comédiens du Repercussion Theatre, principalement Thomas Malone, au prodigieux sens du timing, et Tristan D. Lalla, déguisé lui aussi. Marie-Nathalie Lacoursière dansa en spécialiste de la gestique baroque et signa une mise en scène vivante se déroulant en partie parmi l'assistance. Le mélange des lourds costumes d'époque et des tenues les plus quotidiennes était discutable.

Il faisait une chaleur épouvantable dans la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours remplie jusqu'aux portes. Le mérite des interprètes n'en est que plus grand.

The Fairy Queen, semi-opéra de Henry Purcell, livret anonyme (1692). Jeudi soir, Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. Festival Montréal Baroque.