Deux parutions Analekta marquent le retour du Concours musical international de Montréal qui, consacré cette année au chant, débute mardi.

Marianne Fiset, gagnante du premier prix de la précédente compétition de chant, en 2007, offre un programme russe qu'elle reprend en partie cet après-midi même, à 15h, à la Grande Bibliothèque, en fin de saison de la Société musicale André-Turp. Un premier disque de la jeune soprano avait été réalisé en 2007 d'après l'entente conclue entre le Concours et Analekta, à savoir que le premier prix (augmenté l'an dernier de 25 000$ à 30 000$) comporte un enregistrement. Selon le même accord, un disque de l'Arménienne Nareh Arghamanyan, grande lauréate en piano l'an dernier, groupe la Sonate en si mineur de Liszt et la deuxième Sonate de Rachmaninov (qu'elle joue dans la révision de 1931, un peu plus courte que l'originale de 1913).

 

Marianne Fiset s'était distinguée dans le répertoire slave avec l'air de Roussalka de Dvorak présenté en compétition et repris sur son premier disque. Elle retrouve avec succès le même univers dans son nouvel enregistrement, intitulé «Melodiya» (à ne pas confondre avec la marque de disques russe!) et groupant la très belle Scène de la lettre de Evgueny Onieguine, de Tchaïkovsky, et un choix plus ou moins heureux de mélodies de Rachmaninov, Glinka et Moussorgsky. Dans ce dernier cas: six mélodies orchestrées par Igor Markevitch (un ancien titulaire de l'OSM, rappelons-le).

Galina Vichnevskaya, l'interprète suprême de cette musique, a gravé les Moussorgsky avec Markevitch lui-même au pupitre. Ces inflexions propres au chant russe se retrouvent chez Marianne Fiset, qui a certainement écouté l'illustre modèle et conjugue belle voix et textes vécus.

Les Moussorgsky et le Tchaïkovsky sont chantés avec ce qui s'appelle ici «Orchestre Radio-Canada Musique» - un «pick-up» groupant une partie de l'OSM (!), que Jean-Philippe Tremblay dirige avec efficacité. Pour les Rachmaninov et Glinka: Marie-Ève Scarfone au piano.

Nareh Arghamanyan surpasse ici Marianne Fiset: elle dispose d'un meilleur programme, atteint comme interprète des sommets encore plus élevés, à 20 ans seulement (l'autre en a 30), et affronte avec éclat une concurrence beaucoup plus lourde, de Horowitz à Ashkenazy, pour n'en nommer que deux.

Le Liszt et le Rachmaninov comportent une infinité de climats et de situations que la pianiste rend avec une imagination et une profondeur aussi étonnantes que ses dons proprement pianistiques. Voici un Liszt tour à tour fougueux, contemplatif, poétique, chargé de mystère, et un Rachmaninov impétueux et tonitruant, réfléchi et rêveur.

MARIANNE FISET

SOPRANO: TCHAÏKOVSKY, RACHMANINOV, GLINKA, MOUSSORGSKY

ANALEKTA, AN 2 9962

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NAREH ARGHAMANYAN

PIANISTE: LISZT, RACHMANINOV

ANALEKTA, AN 2 8762

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