Les musiciens de l'Orchestre symphonique de Montréal s'envolent aujourd'hui pour l'Europe. Ils présenteront leur premier de 13 concerts dans 12 villes mercredi prochain à Valencia en Espagne. Cette première tournée européenne avec Kent Nagano survient vers la fin d'une saison couronnée de succès.

L'Orchestre symphonique de Montréal vit des moments de grâce. Plusieurs concerts de la première tournée européenne avec Kent Nagano seront à guichets fermés. À Montréal, l'OSM a rempli le Centre Bell la semaine dernière et joue devant des salles pleines à la Place des Arts. À peine née, la Fondation de l'OSM compte déjà des promesses de dons de plus de 40 millions de dollars.

 

«Nos musiciens se sentent privilégiés parce que plusieurs orchestres nord-américains ont supprimé des semaines de travail et les musiciens ont accepté des baisses de revenus. Ici, on n'a pas voulu. La dernière négociation a été longue, on ne veut pas toucher aux conventions collectives des musiciens», explique la chef de la direction de l'orchestre, Madeleine Careau.

La vente de billets et les commandites au Centre Bell ont totalisé 2 millions de dollars qui serviront à défrayer les coûts de cette importante tournée. Le conseil d'administration a décidé, il y a trois ans, que les voyages de l'OSM devaient tous s'autofinancer.

«On ne veut pas que nos projets spéciaux, tournées et disques, aient un impact sur le contenu de nos concerts à Montréal, affirme Mme Careau. Les Montréalais ont droit à une programmation de haut niveau. Ils n'ont pas à être pénalisés, même si c'est valorisant pour Montréal, par nos concerts à l'étranger.»

L'OSM visitera six pays au cours des deux prochaines semaines: l'Espagne, la France, l'Allemagne, dernière tournée avec Charles Dutoit, l'Autriche, où la dernière visite de l'OSM remonte à 1993, le Luxembourg et, pour la première fois de son histoire, la Croatie.

«Au moment où nous avons planifié la tournée il y a deux ans, note Madeleine Careau, personne n'avait le mot récession à la bouche. Si on avait eu à le faire l'automne dernier, cela aurait été différent. On aurait décidé de mettre de l'argent de côté pour les jours plus durs.»

Pour l'instant, l'OSM est à l'abri. L'enjeu du périple européen de notre ambassadeur musical reste, comme ce l'était au Canada l'an dernier, de remettre l'OSM à l'agenda des capitales.

«Nous n'avons pas le choix. Nous sommes l'un des meilleurs orchestres au monde, il faut le démontrer. Il n'y a pas d'unités de mesure pour la qualité d'un orchestre, comme le PIB pour la richesse d'un pays. On doit jouer dans les grandes villes comme Paris, Hambourg et Barcelone. Mais on pourrait être un peu plus nerveux à Vienne», convient la chef de la direction.

Le programme comprend Le chant de la terre de Mahler, le Concerto pour violon de Mendelssohn, avec la violoniste Viviane Hagner qu'on vient d'entendre à Montréal, la Symphonie fantastique de Berlioz, ainsi que des oeuvres de Bartok, de Strauss et de Debussy.

Il sera possible de suivre la tournée de l'OSM (carnets de voyage des musiciens, photos, vidéos) sur le site web de l'orchestre au www.osm.ca.