Louis Lavigueur a plus d'une fois placé l'Orchestre symphonique des Jeunes de Montréal, dont il est le titulaire, devant des partitions très difficiles pour la jeune troupe. Différents facteurs, notamment la qualité des sujets dont il dispose chaque année, ont pu produire des résultats fort variables. Ainsi, on a vu deux oeuvres de difficulté égale recevoir, respectivement, une exécution presque de niveau professionnel et une autre plutôt laborieuse.

La Symphonie fantastique de Berlioz, programmée samedi soir, est carrément au-dessus des moyens de la formation actuelle. Grand musicien, Lavigueur réussit à imprimer un certain caractère à l'oeuvre, mais l'ensemble de l'exécution fut marqué de trop d'imprécisions pour que l'auditeur en tire un réel plaisir : justesse approximative des violons, petits retards dans les attaques, mauvais raccords entre les groupes et Sabbat final comportant plus de sons terrifiants que n'en contient la partition. Dans les circonstances, on ne regrettait pas l'absence des reprises.

Cette Fantastique ne fut quand même pas sans qualités. À cet égard, il faut signaler la force des timbaliers, l'exactitude du basson, celle du hautbois et du cor-anglais dans leur duo. Pour d'évidentes raisons économiques, le chef avait omis l'une des deux harpes et l'un des deux tubas, mais le résultat n'en souffrit pas.

Néanmoins, je continue de penser que M. Lavigueur a raison de lancer de tels défis à ses jeunes. Ceux-ci apprendront le dur métier de musiciens d'orchestre en se frottant à des partitions comme celle-là. Il faut simplement souhaiter que le public accepte d'écouter avec indulgence.

L'ouverture de Lalo donna un bon départ au concert, malgré un solo de violoncelle assez faux. Finalement, le meilleur moment de la soirée fut le Concerto pour deux pianos de Poulenc. Suivis à la fraction de seconde par le chef, Suzanne Blondin et Olivier Godin, tous deux professeurs au Conservatoire, traversèrent la partition avec une synchronisation parfaite, chacun faisant admirer le jeu incisif, l'humour, voire la tendresse, qui la caractérisent.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DES JEUNES DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre : Louis Lavigueur. Solistes : Suzanne Blondin et Olivier Godin, pianistes. Samedi soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal. Programme : Ouverture de l'opéra Le Roi d'Ys (1888) - Lalo Concerto en ré mineur pour deux pianos et orchestre (1932) - Poulenc Symphonie fantastique, op. 14 (1830) - Berlioz