Le Studio d'opéra du Conservatoire de Montréal présentera L'Enfant et les Sortilèges, fin février, sur l'une des scènes des nouveaux locaux de l'avenue Henri-Julien. Dimanche après-midi, dans une salle Maisonneuve de la PdA remplie de parents et d'enfants, Raffi Armenian dirigeait une avant-première, en version concert, de la touchante fantaisie lyrique de Ravel et Colette avec la même distribution de 16 chanteurs qui la reprendra en costumes dans un peu plus de deux semaines.

Porté pour l'occasion à 70 musiciens, l'Orchestre du Conservatoire joua une création et accompagna un soliste en première moitié de concert.

Le sujet de l'oeuvre de Colette et Ravel est bien connu: un enfant indiscipliné, furieux de la punition que lui inflige sa mère, se venge sur les objets et animaux qui l'entourent, mais tous lui pardonnent, à la fin, lorsqu'il sauve la vie d'un écureuil.

 

«Version concert, mise en espace», indiquait le programme. Les 16 chanteurs, représentant une trentaine de personnages, attendaient, assis de chaque côté de l'orchestre, leur tour de venir participer à l'action, au centre. Pas de costumes comme tels, mais des expressions, des déplacements et le par coeur suggérant le spectacle, le tout réglé par Suzanne Lantagne qui signera la mise en scène de la fin du mois.

Les deux seuls rôles importants, l'Enfant et Maman, sont déjà bien tenus, respectivement, par Gabrielle Blackburn-Gravel et Veronica Navarro. Trémolo à surveiller chez la première, cependant; timbre de contralto remarquable chez l'autre. Des mentions à l'interprète du Feu, pour ses brillantes vocalises, et à celui de l'Arithmétique, oublié dans le programme. L'ensemble à la fois intelligent et raffiné, tant chez les voix qu'à l'orchestre, ne laissait aucun doute sur le sérieux de la préparation musicale.

En début de concert, la pièce nouvelle de Charles-Alexandre Corbeil, élève de Serge Provost, dure huit minutes et fait alterner gros tuttis et séquences pour groupes d'instruments de même famille. La recette n'est pas nouvelle mais le résultat reste intéressant. Suivent, deux mouvements du Concerto pour saxophone-alto de Paul Bonneau. Le premier est presque rêveur, le second presque jazzé, et les deux permettent d'apprécier l'articulation et la sonorité de Stéfane Jackson.

Une fois de plus, il faut signaler quelques erreurs dans le programme remis à la porte. Paul Bonneau, compositeur de musique de film, n'est certainement pas le contemporain exact de Schumann (1810-1856) et Ravel n'est ni né en 1844, ni mort en 1908.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE et STUDIO D'OPÉRA DU CONSERVATOIRE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Raffi Armenian. Soliste: Stéfane Jackson, saxophoniste. Dimanche après-midi, salle Maisonneuve de la Place des Arts. Programme: Multitudes (2009) (création) - Corbeil Mouvement II et III du Concerto pour saxophone-alto et orchestre - Bonneau L'Enfant et les Sortilèges, fantaisie lyrique (1925) - Ravel.