Salute to Vienna, le pendant nord-américain du fameux concert du 1er janvier au Musikverein, est présenté cette année dans 25 villes, soit 15 des États-Unis et 10 du Canada - dont, cette fois encore, Montréal, avec l'obligatoire Hommage à Vienne ajouté au nom officiel.

Ces concerts sont donnés, sinon le 1er janvier même, tout au plus un ou deux jours avant ou après cette date; un orchestre est recruté dans chaque ville pour l'occasion et une pléiade de chefs, chanteurs et danseurs se partagent la programmation - essentiellement viennoise, il va sans dire.

 

Cette année encore, Montréal recevait le concert le 1er janvier, en après-midi. L'événement avait attiré à Wilfrid-Pelletier quelque 2700 personnes, en grande majorité des couples «d'un certain âge» (comme on dit), nostalgiques d'un genre qui n'a rien perdu de son pouvoir de séduction, et qui ont tapé des mains avec l'orchestre, chanté avec les solistes et ovationné avec la même énergie.

Cet «Orchestre Strauss de Montréal» était, cette année encore, constitué d'une soixantaine de musiciens venus de l'OSM (y compris le violon-solo Richard Roberts), du Métropolitain et d'autres formations. Deux violoncellistes, l'un de l'OSM, l'autre de l'OM, partageaient le même lutrin: il y avait là quelque chose de symbolique. On a même reconnu un ancien de l'OSM, Eugene Husaruk, parmi les premiers-violons.

Abstraction faite d'un beau raté de hautbois au tout début et de quelques éclaboussures des cors à la toute fin, l'ensemble de l'exécution orchestrale fut du meilleur niveau. Nos deux orchestres connaissent bien ce répertoire, que le chef invité Daniel Beyer assortit de quelques rubatos bien viennois et d'amusants commentaires bilingues.

Les deux titres les plus célèbres de Johann Strauss fils étaient là: l'ouverture de Die Fledermaus comme entrée en matière et, deux heures plus tard, la valse du Beau Danube bleu en rappel. Du même Strauss jr., la Pizzicato Polka aux cordes pincées amusa l'auditoire et la Valse Empereur fut dansée par trois jeunes couples d'une troupe de Kiev. On retrouva ceux-ci à quelques reprises, dans des chorégraphies banales mais propres.

Peu à dire sur les deux chanteurs, entendus dans quelques solos et duos, et dont les voix étaient manifestement amplifiées. Wolfgang Gratschmaier, ténor autrichien, a un timbre un peu crispé mais un réel talent de boute-en-train. Beatrix Lazin, soprano hongroise, a de la voix mais peu de raffinement.

Salute to Vienna/Hommage à Vienne, jeudi après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.