«Pourquoi les femmes ont-elles moins d'emplois en musique? Je crois sincèrement qu'il n'y a aucune, mais aucune bonne raison. Il y a juste des raisons de merde! La seule raison que je vois - et elle n'est pas bonne -, c'est que les hommes, par le passé, se disaient que ce n'était pas un endroit pour les femmes. Ce qui ne tient pas debout!»

Le chanteur anglais James Bay, qui a touché des millions de fans avec son premier album et son succès Hold Back the River, ne mâche pas ses mots lorsque vient le moment de parler du peu de place qu'occupent les femmes dans l'industrie de la musique, notamment dans les festivals.

Le Britannique, en tournée de promotion pour son deuxième album qui sort le 18 mai, a fait un saut à Montréal hier. Il adore d'ailleurs la métropole québécoise, où il a joué à quatre reprises à guichets fermés lors de sa première tournée. Il sera d'ailleurs de nouveau au festival Osheaga à l'été.

La parité, un sujet chaud

La parité hommes-femmes dans les festivals de musique est un sujet chaud dans son pays. C'est d'ailleurs au Royaume-Uni qu'est né le projet Keychange, qui vise à renforcer la place des femmes en musique, entre autres en exigeant la parité entre les sexes d'ici 2022 dans tous les festivals participants.

La majorité des festivals impliqués sont en Angleterre. Au Québec, seul MUTEK a embarqué dans le bateau.

James Bay s'insurge devant son industrie «trop masculine», «tellement injuste» et «pas du tout égalitaire».

Il donne comme exemple un des festivals les plus connus en Angleterre, Glastonbury, qui, en 2015, avait Foo Fighters en tête d'affiche. Lorsque son leader Dave Grohl s'est cassé la jambe et a dû annuler ses spectacles, le festival l'a remplacé par Florence + The Machine.

«C'est seulement à ce moment-là qu'ils ont décidé de mettre une femme en tête d'affiche. Pourtant, le parcours de Florence Welch est tout à fait comparable à celui de Foo Fighters : elle est connue dans le monde entier, elle joue partout à guichets fermés, elle est brillante, elle a plein de chansons qui ont atteint le sommet des palmarès, mais il a fallu que Dave se casse une jambe pour qu'on lui offre d'être une tête d'affiche. Or, elle aurait dû l'être dès le départ. Pas comme remplaçante. Mais non, il n'y avait que des hommes, surtout des hommes âgés, en tête d'affiche pendant les trois jours du festival», dit l'auteur-compositeur-interprète, qui était finaliste pour trois prix Grammy en 2016.

C'est à l'industrie de «changer tout ça» et d'engager autant de femmes que d'hommes, affirme James Bay. Et ce, autant sur scène que dans les équipes.

«Nous devons travailler ensenble»

L'interprète du succès Let It Go admet qu'aucune fille ne faisait partie de son équipe lorsqu'il a commencé sa première tournée. Six ou sept femmes travaillent maintenant avec lui.

«C'est tellement mieux. Un autocar de gars, comme vous pouvez l'imaginer, ce n'est pas drôle. Un autocar juste de femmes, ce ne serait pas drôle non plus. Il y a des femmes et des hommes sur la planète et nous devons être ensemble, travailler ensemble, évoluer ensemble», dit l'interprète du nouveau simple Us.

Il encourage les acteurs de son industrie à agir différemment et à poursuivre ce changement déjà amorcé.

«Je ne veux pas être dans une industrie injuste. C'est tellement démodé. C'est tellement nul! C'est donc à nous de changer tout ça. De plus en plus d'artistes le font, d'ailleurs», dit le chanteur dont le prochain album, Electric Light, sortira le 18 mai.

Photo Martin Chamberland, La Presse