Le slam, vous connaissez? Plusieurs champions du monde seront en vedette à la maison de la culture Maisonneuve ce week-end. Deux slameurs québécois décrivent les particularités de cet art et livrent une performance en vidéo.

Qu'est-ce que le slam?

«Le slam rejoint quelque chose qui est fondamentalement québécois: la tradition orale, le conteur, le violoneux, le raconteur, le monologue d'humour. D'ailleurs, j'ai vu Clémence DesRochers dernièrement et je me disais : c'est un peu ça que nous faisons», explique la championne du monde de slam 2016, Amélie Prévost.

Du slam en cinq langues

Avec le comédien et commentateur sportif Jacques Thériault, elle organise Richesse des langues, espèces menacées, un événement où quelques champions de slam donneront une performance dans leur langue. Le public entendra ainsi du slam en français, en espagnol, en hébreu, en flamand et en anglais, accompagné de sous-titres en français.

Parmi les activités, il y a un tournoi où 12 champions s'affronteront, en cinq langues. Un spectacle présentera également tour à tour ces vedettes du slam, dont la championne d'Europe Carmien Michels et le champion d'Israël Tamir Aharoni.

À quoi ressemble un spectacle?

La formule d'un spectacle de slam est simple: les artistes ont chacun trois minutes sur scène pour offrir une performance poétique. Cinq juges sont pris au hasard dans l'assistance. Ce dernier point en fait sourciller plusieurs, puisque les juges peuvent être des non-initiés.

«C'est frustrant pour les poètes, les interprètes et le public. Tout le monde est continuellement frustré, et c'est ce qui est formidable. L'insatisfaction est verbalisée, les gens vont huer, les juges aussi vont se huer entre eux», ajoute Amélie Prévost.

Le fondateur de SlamMontréal et de la Ligue québécoise de slam, Ivy, ajoute: «À la base, à Chicago [où le slam a été créé], les gens se battaient ! Ils montaient sur scène, ils viraient les poètes. Nous ne sommes plus là, mais il y a encore beaucoup de tensions.»

Parcours de slameur

Après des études en lettres, Ivy participait à des soirées de poésie où il entendait fréquemment des gens se questionner sur la façon d'intéresser le public à leur forme d'art. En 2004, il a compris que le slam pourrait lui permettre de faire partager ses poèmes à un plus large auditoire.

«Entre 2004 et 2010, il y a eu une différence. Grâce à Grand Corps Malade, le slam a eu plus de visibilité. Mais ce n'est pas un art qui est là pour produire des vedettes. Il a été créé pour que les gens réalisent que la poésie peut se faire dans une autre dimension qu'uniquement la poésie littéraire, qui est tenue par les poètes», avance Ivy.

Ouvert à tous

Plusieurs soirées de slam se terminent par un «micro ouvert», où tous ceux qui en ont envie peuvent présenter un de leurs textes sur scène. Ce sera le cas, demain soir, après le tournoi de slam. «Les artistes et non-artistes se retrouvent sur un pied d'égalité, entre autres parce que nous n'avons tous que trois minutes. C'est fait pour qu'on se côtoie», explique Ivy, qui est également auteur-compositeur-interprète.

Il conclut: «À mon avis, le coeur du mouvement du slam est le besoin de communiquer. Lorsque nous assistons à un spectacle, on a les poils qui se dressent. Et pendant les entractes, on jase, on jase, on jase. Ça ouvre la conversation.»

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À la maison de la culture Maisonneuve, aujourd'hui et samedi.