On nous avait prévenus: «Vous aurez vingt minutes avec Priscilla Presley. Pas plus!» Ainsi, lorsque les attachés de presse ont ouvert la porte de la suite du Ritz-Carlton où devait avoir lieu l'entrevue, le photographe François Roy et moi étions prêts à bondir sur elle, tels deux léopards sur un bébé zèbre.

Finalement, on s'est calmé le pompon. Priscilla avait tout son temps. Cool, souriante, élégante au cube, elle nous a accueillis comme si elle était chez elle en nous offrant quelque chose à boire. Elle nous a invités à prendre place dans un fauteuil près d'un foyer, prête à nous parler de l'homme qui fut son mari et qui demeure encore aujourd'hui une véritable icône du rock'n roll.

La raison de la présence de Priscilla Presley à Montréal est liée à la présentation du spectacle Elvis Experience au mois de mars à Montréal. Elle est également ici pour discuter avec les producteurs québécois d'une série de représentations à Istanbul, Tel-Aviv et Séoul.

Depuis qu'elle a vu le spectacle en juillet 2014, Priscilla Presley en est devenue la marraine. Elle a été littéralement renversée par la qualité de la production et le talent de celui qui incarne Elvis, Martin Fontaine. Elvis Presley Enterprises, dont elle est actionnaire, a donné son approbation (la seule au monde) à ce spectacle-hommage. Après plusieurs représentations au Québec, à Las Vegas, en France, au Japon et en Chine, force est d'admettre qu'il est promis à une aussi longue carrière qu'Elvis Story.

Elvis Experience met l'accent sur l'un des spectacles que le King a présentés à Las Vegas au début des années 70, une époque que Priscilla Presley a bien connue. «Ce qui a été difficile à Québec, lorsque j'ai vu le spectacle, fut de refouler mes émotions. Plein de souvenirs remontaient à la surface. C'était comme du déjà-vu. Il y avait beaucoup de gens autour de moi et je ne pouvais pas me laisser aller.»

Quand Elvis Presley s'est installé à Las Vegas en 1969, les gens du milieu étaient persuadés qu'il allait se casser la gueule. Or, au fil de différentes productions, il a donné au total plus de 600 représentations. «Ce fut une belle période pour lui, se souvient Priscilla Presley. Voir ses fans l'ovationner soir après soir le rendait très heureux.»

Celle qui reçoit beaucoup de propositions de chanteurs tentant d'imiter Elvis avoue qu'elle a aimé la performance de Martin Fontaine pour d'autres raisons.

«Il ne tente pas d'imiter Elvis. Il entre dans un personnage et il offre une performance personnelle.»

Alors que certains perçoivent Priscilla comme une opportuniste qui s'est emparée d'une part de la gestion de l'oeuvre d'Elvis, les autres saluent son indéniable sens des affaires et son véritable travail de «gardienne». C'est elle qui a fait fructifier la fortune laissée à la mort d'Elvis en 1977, qui a donné à Elvis Presley Enterprises son véritable essor et qui a ouvert Graceland, la résidence du King, au public.

Priscilla a été mariée à Elvis Presley pendant six ans (de 1967 à 1973). Après une carrière de comédienne (on l'a vue dans la trilogie des Naked Gun et dans la télésérie Dallas), elle a pris en mains, à temps plein, la destinée d'Elvis Presley Enterprises en compagnie de sa fille Lisa Marie. Aujourd'hui âgée de 70 ans (on lui en donnerait facilement 40), elle voit son rôle comme celui d'une sorte de protectrice de l'oeuvre d'Elvis. «Je suis là pour perpétuer la mémoire d'Elvis, pour la protéger.»

Priscilla Presley est également à Montréal pour faire connaître le disque If I Can Dream: Elvis Presley with the Royal Philharmonic Orchestra. Sur ce disque, enregistré aux prestigieux studios Abbey Road et lancé en octobre dernier, on a marié les arrangements d'un grand orchestre à l'incomparable voix d'Elvis (It's Now or Never, Love Me Tender, Can't Help Falling in Love, etc.).

«Elvis aimait les grands orchestres. Il aurait adoré faire cela. Ils sont une cinquantaine de musiciens sur ce disque. Il aimerait entendre le résultat aujourd'hui.»

Elvis Presley aurait eu 80 ans l'an dernier. Je demande à Priscilla ce que ferait le King s'il était encore vivant. Sans hésitation, elle répond: «Il ferait encore des chansons, c'est sûr. Il aimait tellement la musique. C'était sa vie. Il aimait le gospel, il adorait Otis Redding et Duke Ellington. Bref, je l'imagine en train de faire des chansons et aussi être à la recherche d'un beau rôle au cinéma.»

Je fais remarquer à Priscilla qu'elle vient de plus en plus souvent au Québec, une province qui a vu naître son père. En effet, Paul Beaulieu, un officier de l'US Air Force, est né à Saint-Épiphane, près de Rivière-du-Loup. Soudainement, son regard s'anime. «Oui, c'est incroyable! Je me disais justement ça en venant. Nous sommes à faire des recherches généalogiques, car j'ai envie d'aller là-bas. Il faut juste que j'arrête le temps pour réaliser ce projet.»

«Je reproduis ce qu'Elvis faisait»

Le spectacle Elvis Experience met en vedette Martin Fontaine. Il sera présenté du 16 au 27 mars au Théâtre St-Denis. Alors que le spectacle Elvis Story (présenté de 1995 à 2010) embrassait la carrière d'Elvis dans son ensemble, Elvis Experience se concentre sur un spectacle qu'Elvis a donné au Westgate Las Vegas Resort & Casino. «Aussi fou que cela puisse paraître, même avec une trentaine de personnes sur scène, je me permets des moments d'improvisation, raconte Martin Fontaine. On a répété une cinquantaine de chansons et on en fait une trentaine chaque soir. On ne fait jamais tout à fait le même spectacle. En fait, je reproduis ce qu'Elvis faisait. Il agissait comme un chansonnier... avec un gros paquet de gens derrière lui.» Présenté au Canada, en France, aux États-Unis, en Chine et au Japon, Elvis Experience a été vu par 2 millions de spectateurs à ce jour. Il sera également repris cet été au Théâtre Capitole à Québec.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Le spectacle Elvis Experience, qui met en vedette Martin Fontaine, sera présenté du 16 au 27 mars au Théâtre St-Denis.