Le troisième album de Zaz s'appelle tout simplement Paris. La chanteuse très prisée au Québec reprend dans un format jazz de grands classiques de la chanson française. Elle chante notamment en duo avec la Montréalaise Nikki Yanofsky, une pièce réalisée par nul autre que Quincy Jones. Entrevue au Café Là-haut dans le 20e arrondissement, «dans le Paris» de Zaz.

Oui, il y a la tour Eiffel, Montmartre et l'Arc de triomphe. Mais d'autres coins de Paris grouillent de vie, de la «vraie vie». Les puces de Saint-Ouen, le marché Belleville, ainsi que le quartier Ménilmontant, qui surplombe Paris, tout près du cimetière du Père-Lachaise.

C'est pourquoi Zaz a inclus une pièce originale, Dans mon Paris, sur son album de reprises de standards rendant hommage aux charmes de la Ville Lumière.

La chanson salue le «Paris des petits quartiers». Celui où vit Zaz, Ménilmontant, dans le 20e arrondissement, où nous l'avons interviewée, au Café Là-haut, par un beau mardi ensoleillé. «J'adore ce quartier. C'est populaire et vivant.»

Devant nous, la brunette peinait à contenir son enthousiasme en vue du spectacle d'envergure qu'elle devait donner quatre jours plus tard pour la réouverture de la Maison de la radio. «On a répété hier avec le big band et les musiciens de Radio France. Il y a une section vocale, de cordes, de cuivres... Ils sont là pour moi. Nous sommes 30, 40, 50... Je ne sais plus. J'hallucine, quoi! Je kiffe

«En plus, j'ai arrêté de fumer. Je suis surexcitée», lance Zaz.

Antidote à la morosité

Après Émilie Simon, Zaz rappelle aux Parisiens, avec son nouvel album, à quel point leur ville est enivrante malgré la morosité des dernières années. «Il faut se rappeler cette légèreté et cette liberté propres à Paris. Dans la culture française, on aime les trucs dramatiques. Mais il y a aussi de la folie et de l'humour, explique-t-elle. Mais je ne suis pas dans la nostalgie. Au contraire. Je crois qu'on revient à des trucs qu'on a perdus.»

Avec sa voix «pétée» et son interprétation «de petit animal», dit-elle, Zaz reprend «des oeuvres d'art» avec des accents jazz, swing et manouches. Notamment Paris canaille de Piaf, J'aime Paris de Trenet, Champs-Élysées de Joe Dassin et La Parisienne de Cole Porter. Elle chante en duo avec Thomas Dutronc (La romance de Paris de Ferré) et Aznavour (J'aime Paris au mois de mai). Le printemps dernier, la légende de 90 ans avait manifesté son désir de collaborer avec Zaz et Stromae. La partie féminine de son souhait est maintenant réalisée.

L'album s'est bouclé rapidement et intensément, à partir du printemps dernier.

«J'avais balancé le nom de Quincy Jones comme réalisateur, mais personne ne me prenait au sérieux. Il a dit oui et tout le monde était en état de choc.» Il y a eu une première période d'enregistrement au célèbre studio La Frette, en banlieue de Paris, qui appartient à Olivier Bloch-Lainé, mari de Marie-Jo Thério (et où sont passés les Karkwa et Patrick Watson). «J'adore cet endroit. En plus, la console qu'on a utilisée est la première console sur laquelle Quincy a travaillé au studio Barclays. C'est hallucinant! Tout était interconnecté», s'excite Zaz.

Tout était interconnecté, mais pas en apparence. Paris est loin du classique Thriller de Michael Jackson, que Quincy Jones a réalisé.

La légende de la pop a réalisé trois titres de l'album (le travail a été complété par John Clayton), dont le duo avec Nikki Yanofsky. «Un gros bonbon, dit-elle. J'ai eu accès au top des musiciens et j'ai bu tout ce qu'on m'a donné.»

Zaz connaît néanmoins très bien les rudiments de la musique populaire. Elle a étudié au Conservatoire, et fait des ateliers en jazz, funk et musique afro-cubaine. Elle a fait partie d'un groupe de blues avant de faire partie d'un orchestre de variétés. «J'ai l'audace de faire des choses même si je doute d'en être capable», dit la jeune femme de 24 ans à l'âme curieuse de globe-trotter.

Le Québec et le monde

Zaz, de son vrai nom Isabelle Geffroy, est l'une des rares artistes françaises à pouvoir multiplier les dates en province au Québec. «Ah, la Gaspésie!», lance-t-elle.

La chouchoute des FrancoFolies de Montréal a rapidement conquis les publics de plusieurs pays: Croatie, Allemagne, Brésil, Chine, Israël, Liban, Mexique...

Pendant notre entrevue, trois touristes turcs lui ont demandé timidement et avec admiration s'ils pouvaient se faire photographier avec elle.

Résultat: la demande est forte et son agenda déborde. D'ici Noël, elle donne quelques spectacles en Europe. Elle entamera au printemps une importante tournée en Amérique latine. Qui sait? C'est peut-être au Festival de jazz, et non aux FrancoFolies, qu'elle reviendra à Montréal.

Les vacances, ce sera pour plus tard. «Quand on me dit oui et que j'ai des opportunités, il faut y aller!»

CHANSON JAZZ

Zaz

Paris

Warner Music