Vous avez peut-être entendu son tube Apples à la radio. Son nom: The Seasons. Un jeune groupe indie-folk-pop de Québec dont la maturité artistique est impressionnante. À part The Beatles, The Zombies, Beck, Vampire Weekend et Simon and Garfunkel, qu'ont bien pu manger les frères Hubert et Julien Chiasson?

En plus de leur look rappelant le Londres des années 60, les membres de The Seasons ont quelque chose de précieux entre les mains: une musique indie-folk aux élans pop qui flatte agréablement les oreilles.

Les frères Hubert et Julien Chiasson ont un grand flair mélodique et l'union de leurs voix fait mouche. En compagnie du batteur Rémy Bélanger et du bassiste Samuel Renaud, ils forment un quatuor promu à un brillant avenir, ici comme à l'étranger. Leur chanson Apples figure à la troisième place du palmarès de Rythme FM, quelques mois après avoir tourné sur les ondes de la radio universitaire de Québec CHYZ.

Ce décalage radiophonique illustre à quel point The Seasons peut plaire aux 7 à 77 ans et autant aux mélomanes avant-gardistes que conservateurs.

Menu, Hubert Chiasson a le teint pâle, les cheveux noirs bouclés et les allures d'un jeune Bob Dylan. Du haut de ses 19 ans, il dégage une assurance décontractée avec un flegme de rockeur.

Ses trois ans de moins ne l'ont pas éloigné de son frère, même pendant l'adolescence. «Julien et moi avons toujours fait des trucs ensemble. On a beaucoup écouté les Beatles, la musique sixties, le folk de Simon and Garfunkel, Bob Dylan...»

«Beck, MGMT, Vampire Weekend, Matt Costa, Jack Johnson et The Libertines», ajoute son aîné.

Dans l'irrésistible chanson sixties Kitsch Trick, les frères Chiasson citent John Lennon. Leurs textes font également référence à la Bible et à la science, que ce soit en parlant de pommes charnelles ou de Copernic. «La chanson Rabbit Hole s'inspire d'Alice aux pays des merveilles», ajoute Julien.

Fils d'un père informaticien «grand voyageur» et d'une mère fonctionnaire, les frères Chiasson ont beaucoup voyagé aux États-Unis avec leurs parents qui les incitaient à s'intéresser à l'histoire et à la culture.

Ils expliquent leur grand flair mélodique par la somme de leurs expériences et influences. «Quand on écrit, c'est un va-et-vient entre le coeur et la tête. On écrit avec le feeling et on peaufine avec le cérébral. On doit allier les deux. Si on essaie trop, ça ne marche pas», dit Julien.

Du D.I.Y. à une grande équipe

The Seasons a donné son tout premier spectacle au café communautaire Tam Tam en mai 2012. «Les choses se sont faites graduellement et une équipe s'est bâtie autour de nous. Nous n'avions pas le choix pour lancer la machine, raconte le batteur Rémy Bélanger. On pouvait faire un petit spectacle devant 30 personnes et on vendait 15 albums. On n'en revenait pas des ratios de ventes. On a filmé une petite vidéo dans le bois avec 100 piastres et on s'approche de 50 000 visionnements [54 000 en date d'hier].»

«On a fait beaucoup de choses nous-mêmes, mais on ne faisait pas appeler Hubert, car il a trop une petite voix», ajoute Rémy en riant.

Aujourd'hui, The Seasons est bien entouré. Il est sous l'aile du label Vega Musique, du distributeur Universal et de l'agence de spectacles The Agency Group (Wiz Khalifa, Patrick Watson, Tegan and Sara).

À l'écoute de Pulp, en magasin depuis hier, on constate que le quatuor a élargi - et quelque peu électrisé - ses horizons acoustiques par rapport à son EP lancé l'an dernier. Le groupe a refait équipe avec le réalisateur Stéphane Rancourt (Pascale Picard), rencontré à une formation à l'école de musique Ampli de Québec.

Certains titres sont destinés à devenir des tubes (voire des vers d'oreille); d'autres montrent tout le potentiel de The Seasons. Citons les progressions rythmiques asiatiques de la pièce Amy Downtown, la mélodie enfumée de Velvet Wedding et les claviers de Rabbit Hole. The Seasons propose aussi sa vision de la banlieue (Suburbs) et une ballade finale lo-fi (IEIEO).

«Il y a des tounes plus accessibles qu'on adore et d'autres, plus artistiques», dit Julien. «Ça va avec le texte. Cela va de soi que Rabbit Hole soit plus flyé et psychédélique», ajoute Rémy. «On ne se limite pas à un genre, et il y a un fil conducteur avec les voix», souligne Samuel Renaud.

Les filles, sachez que les quatre beaux jeunes hommes de The Seasons habitent toujours chez leurs parents, mais qu'ils louent un local de pratique depuis un mois.

The Seasons se produira au National le 17 mai. Le groupe participera également à la Canadian Music Week, à Toronto, au début du mois de mai.

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FOLK-POP. The Seasons, Pulp, Vega Musique.