Ne cherchez pas son nom sur les affiches du Metropolitan Opera de New York ou de l'Opéra de Paris. Natalie Dessay a choisi de mettre sa carrière lyrique en veilleuse pour un temps et, histoire de réaliser un vieux rêve, s'est tournée vers la chanson populaire, un art qu'elle a le privilège de raffiner auprès de Michel Legrand. Après la sortie de l'album Entre elle et lui, après ses débuts à l'Olympia à Paris, après Marseille, Nancy, Toulouse, Nantes, Tours, Montpellier, Lyon, Genève, Vienne et Zagreb, la soprano se produira les 20 et 21 décembre à la Maison symphonique, en compagnie des Violons du Roy. Entrevue avec une artiste apparemment comblée.

L'Olympia a dû vous changer des maisons d'opéra?

Complètement. Faire un premier Olympia, c'est une sensation extraordinaire. C'est quand même une salle mythique. En plus, il y avait de très belles lumières, un très beau son... Enfin, c'était super, quoi!

On sent que vous en aviez vraiment envie...

C'est un rêve d'enfant. Moi, depuis que je connais Judy Garland et Barbra Streisand, c'est ça que je voulais faire dans la vie. En fait, l'opéra est arrivé par hasard, par surprise, et j'ai adoré ça. Mais au départ, je ne rêvais pas du tout de faire de l'opéra. Je ne rêvais pas du tout de chanter. Je rêvais plutôt de jouer.

Papa Can You Hear Me met également en valeur votre registre grave...

J'ai une voix parlée grave, je suis donc plus à l'aise dans ce registre, bizarrement.

À propos de registre grave, vous évoquiez tout à l'heure Barbra Streisand...

Ça, c'est ma chérie, mon idole. Si jamais un jour je pouvais chanter comme ça, ce serait super. Mais je crois que je n'y arriverai jamais. J'ai été trop conditionnée par l'opéra. Je n'ai pas du tout appris à mixer comme on le fait aux États-Unis, en chantant des chansons. Je suis tout de suite passée en voix de tête. C'est extrêmement difficile de faire machine arrière, une fois que le corps a pris un pli.

Vous faites aussi What Are You Doing the Rest of Your Life, et vous la chantez encore plus bas que Barbra...

J'adore cette chanson, et je trouve qu'elle est extrêmement intime. Je l'ai chantée un peu dans tous les tons. Plus on la fait grave, plus elle est intime.

Comment voyezvous ce spectacle avec Michel Legrand? S'agit-il pour vous d'une série de chansons ou d'une galerie de personnages ?

Ce sont des chansons. Je ne pense pas personnages. Je pense plutôt histoires à raconter, je pense couleur de voix. J'essaie de me laisser porter par l'émotion du moment et par les mots, ou par mon instinct. J'essaie que ce soit festif et drôle pour les gens. Sauf quand je chante La fée des lilas, où j'essaie de penser à une fée qui parle à une princesse - ça peut être aussi une maman qui parle à sa fille. Et quand je fais La recette du cake, je ne suis pas dans un personnage. C'est plus une petite blague. Parce qu'en fait, ce gâteau, il est horriblement mauvais quand on le fait pour vrai.

Le disque offre beaucoup de variété...

J'aime bien les univers différents, passer d'une chanson aérienne comme La valse des lilas à, soudain, Le rouge et le noir, qui est très boîte de jazz, et puis passer à un truc hyper romantique comme Les moulins de mon coeur, et puis revenir à Peau d'âne, qui est beaucoup conte de fées, puis What Are You Doing, On My Way to You, des choses qui sont plus standard, presque crooner, un peu grave, un peu intime. L'idée du tour de chant, c'est que ce soit très divers.

Vous avez décidé de prendre une pause de l'opéra. Il y a encore des productions inscrites à votre calendrier?

J'en ai encore une, mais rien d'autre n'est prévu pour les deux, trois ou quatre ans à venir. Je ne veux plus enchaîner les productions d'opéra comme avant. Ça ne veut pas dire que je n'en referai plus, mais je n'en referai plus autant, ça, c'est sûr.

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