Emeli Sandé peut se vanter d'avoir l'album de l'année au Royaume-Uni (Our Version of Events), d'avoir chanté aux cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux olympiques de Londres et d'avoir en poche un diplôme universitaire en neurosciences. À 24 ans, elle suit les traces d'Adele et part à la conquête de la planète.

Emeli Sandé devait chanter au Club Soda à l'occasion du dernier Festival de jazz quand on nous a appris qu'elle reportait ça au 24 novembre au Métropolis. La parfaite inconnue qu'on aurait découverte en juillet est désormais la star de l'année au Royaume-Uni. La bonne nouvelle s'est répandue rapidement dans l'univers connu depuis qu'elle a chanté en première partie de Coldplay et, surtout, qu'on l'a vue chanter en ouverture et en clôture des Jeux olympiques de Londres.

«J'ai été pressentie par Danny Boyle et son équipe qui préparaient la cérémonie d'ouverture, explique-t-elle. Puis, la semaine suivante, Tim Gavin, qui organisait la cérémonie de clôture, a communiqué avec moi. Ils travaillaient complètement séparément l'un de l'autre. J'étais tellement honorée qu'on pense à moi et en plus, de participer aux deux cérémonies.»

Après deux rendez-vous téléphoniques ratés, la jeune femme d'Aberdeen née d'une mère écossaise et d'un père zambien, est enfin au téléphone après une balade en auto de Londres à Manchester avec son mari originaire du Monténégro pour le dernier concert de sa tournée européenne. Une semaine plus tôt, elle a remporté pas moins de trois prix MOBO - le gala de la musique dite urbaine au Royaume-Uni - et elle va sûrement tout rafler aux prochains Brit Awards. Après sa brève virée de novembre - Toronto, Montréal, Vancouver et un spectacle à Los Angeles -, elle s'attaquera au marché américain dès janvier et il ne faudrait surtout pas s'étonner de la voir chanter aux Grammy en février.

Dans son spectacle, Emeli Sandé reprend justement les deux chansons qu'elle a chantées devant l'auditoire mondial des Jeux olympiques:  Read All About It (Part III) de Professor Green, un énorme succès de 2011 auquel elle a prêté sa voix, et Abide With Me.

Cet hymne anglican du XIXesiècle était l'une des chansons préférées de Gandhi et a joué sur le Titanic quand le bateau sombrait. Les amateurs de foot l'associent également depuis près d'un siècle aux matches de la Coupe d'Angleterre (FA Cup). «J'ai beaucoup lu sur ce que cette chanson signifie pour plein de gens, mais comme on l'a entendue aux funérailles de mon grand-père, elle est également très importante pour moi, raconte la chanteuse. J'étais nerveuse à l'idée de la chanter, mais c'est tellement une belle chanson que j'en étais très heureuse.»

Chanter avec Céline

Très jeune, Emeli Sandé a appris à jouer de la clarinette avant de prendre des leçons de piano. Depuis un an, elle s'est mise au violoncelle dont elle aimerait bien jouer sur scène un de ces jours. Mais c'est d'abord le chant qui l'intéressait, stimulée en cela par son père qui lui faisait jouer des disques d'Anita Baker et de Céline Dion.

«J'avais 7 ans et Céline avait cette voix tellement puissante, aux possibilités infinies. Je me souviens de sa chanson Think Twice, c'était la première fois que j'enregistrais ma voix sur une cassette en chantant par-dessus celle de Céline. Mais quand je suis arrivée au bout tout en puissance, j'ai abandonné. J'étais tellement déçue quand j'ai écouté ma voix à côté de la sienne! Dans ma tête, je me croyais bien meilleure que je l'étais...»

Emeli Sandé est également une grande fan de Joni Mitchell et de Nina Simone dont elle reprend I Wish I Knew How It Feels To Be Free en spectacle. Elle a également écrit des chansons avec Alicia Keys, dont Hope qui boucle le premier album de Sandé, Our Version of Events, écoulé à plus de 800 000 exemplaires dans son pays. Sa chanson Daddy, écrite avec son complice Naughty Boy, aurait sans doute plu à la regrettée Amy Winehouse.

Amy, Adele et maintenant Emeli. Comment explique-t-elle l'immense succès des chanteuses britanniques ces dernières années?

«Premièrement, il y a quelque chose dans les voix féminines qui a toujours plu aux gens et qui les réchauffe. Et depuis quelque temps, au Royaume-Uni, on se réclame davantage de notre identité britannique. Auparavant, on était obsédés par l'Amérique du Nord qu'on essayait peut-être d'imiter. Mais depuis 10 ou 15 ans, les artistes d'ici ont trouvé leur propre voix, assumé leur propre identité, ils écrivent et racontent des histoires d'une façon un peu différente. Nous avons trouvé notre propre son.»

C'est donc armée de cette confiance qu'elle s'amène en territoire américain: «J'espère bien obtenir du succès, mais je dois être patiente. C'est tellement plus gros que le Royaume-Uni.»

Emeli Sandé, ce soir au Métropolis.