Elle aime la musique de film et jouer avec les mots. Moins de deux ans après son premier disque qui l'a fait sortir de la masse, Ingrid St-Pierre propose une nouvelle collection de chansons jolies à tendance orchestrale, écrites en écoutant les extraterrestres islandais de Sigur Ros.

Si vous étiez devant votre téléviseur dimanche, à regarder le gala de l'ADISQ, vous avez peut-être remarqué Ingrid St-Pierre. Elle était facile à identifier parmi les jeunes chansonniers et interprètes en lice pour le Félix de la révélation de l'année: blonde presque platine, minois effilé, voix de petite fille et air gamin, elle était aussi la seule du groupe à ne pas s'accompagner à la guitare, mais au piano.

Le lendemain du gala, elle a le teint frais et semble encore sur un nuage de voir que son premier disque, Ma petite mam'zelle de chemin, avait été considéré pour le Félix du meilleur album «adulte contemporain» auprès des derniers albums de deux créateurs pour qui elle a de toute évidence du respect et de l'admiration: Catherine Major et Richard Desjardins, qui l'a finalement emporté.

La fête à peine terminée, elle est déjà prête à continuer sa «petite mam'zelle de chemin»: mardi, elle a publié L'escapade, une collection de 11 chansons jolies composées au piano au cours de la dernière année et qu'elle a étoffées d'arrangements orchestraux concoctés avec Louis Legault, proche collaborateur de Dumas.

Ingrid St-Pierre raconte avoir écrit les chansons de L'escapade en faisant tourner les disques de Bon Iver, Regina Spektor et Chris Garneau, des songwriters portés sur les arrangements soignés et généreux. En écoutant aussi Sigur Ros, formation islandaise culte dont les envolées musicales semblent parfois venir d'un autre monde.

«Sigur Ros, c'est pour le côté doux, mais qui a beaucoup d'ampleur, explique-t-elle. Ça m'a beaucoup parlé, notamment pour les cordes et les cuivres.»

Tout en restant proche de la chanson inspirée de la tradition française - l'attention portée aux textes et aux images est patente -, la jeune chanteuse s'amuse à y glisser des éléments qu'on n'associe pas d'emblée à ce courant: cor français, violon chinois, marimba et une foule d'autres instruments aux timbres très typés. On se surprend même à penser à Bell Orchestre (groupe formé de membres d'Arcade Fire) en écoutant une chanson comme La planque à libellules. «Je ne me suis pas mise de limites», dit-elle, ajoutant qu'elle aime les sonorités qui font voyager.

Ingrid St-Pierre, de toute évidence, ne veut pas raconter seulement avec les mots, qu'elle sait bien mettre en scène. Elle veut que les musiques parlent, un désir qui découle sans doute de son affection pour la musique de film. «Il y a quelque chose de grand dans la musique de film, la vraie, celle qui est très orchestrée, avec des percussions. Ça m'impressionne, avoue-t-elle. J'ai eu envie d'aller vers ça.»

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Chanson

Ingrid St-Pierre. L'escapade. La Tribu/Sélect.