À un tournant de sa vie, riche d'une carrière au cinéma oscarisée et au lendemain de la fin de sa relation avec Susan Surandon, Tim Robbins s'est converti à la musique folk. On le retrouvera sous peu sur la scène du Club Soda, avec sa guitare et son Rogues Gallery Band.

Au bout du fil, à Los Angeles, Tim Robbins s'exprime sur un ton taciturne, mélancolique. «Je suis près de la plage et le ciel est assombri par une couche marine, comme s'il refusait le soleil.»

Cinéaste et acteur oscarisé, réputé pour ses positions politiques et sociales à gauche, Robbins s'est lancé corps et âme dans une carrière musicale, il y a deux ans.

Démon du midi? Effet collatéral de sa rupture avec l'actrice Susan Surandon (après 23 ans de vie commune)? Crise existentielle d'une star en quête de sens?

Sans doute un peu de tout cela. Mais pas seulement. En discutant avec l'acteur de Shawshank Redemption et Mystic River, on reconnaît vite une passion authentique pour la musique, qui n'est pas qu'idylle passagère. Et alors qu'il décrit ses affinités amicales et artistiques avec les Hall Wilner et Eddie Vedder - qui a composé deux chansons pour son album - et de son appréciation pour l'oeuvre de Bruce Springsteen et Woody Guthrie, on déduit que le nouvel album et la tournée sont le fruit d'un rêve longuement mûri.

Pas un mot sur la fin de son union avec l'actrice de Thelma et Louise (de 12 ans son aînée). Reste que l'artiste de 52 ans, que l'on retrouve ces temps-ci au grand écran dans The Green Lantern, confie que ce virage musical a surgi à une étape plutôt douloureuse de sa vie.

»Des histoires à raconter»

«Je voulais faire cela depuis des années, j'avais des histoires à raconter, mais je ne savais trop comment m'y prendre. Il y trois ou quatre ans, j'ai traversé un moment difficile: je vivais mal l'échec d'un projet de film et les choses ne tournaient pas rond dans ma vie. Je me souviens d'un moment précis, en Oregon, où j'ai réalisé que je n'avais jamais enregistré ma musique. En rentrant chez moi, j'ai enregistré 15 chansons dans un studio.»

Grâce au soutien et à l'enthousiasme du producteur Hall Wilner, les portes du monde musical se sont ouvertes. Robbins a réuni une bande de musiciens pour enregistrer Tim Robbins and The Rogues Gallery Band. Un album composé surtout de pièces live qui se promène entre folk, blues et country.

Engagement social

Tim Robbins le musicien est-il aussi engagé socialement que Tim Robbins l'acteur et cinéaste? Avec l'expérience du projet théâtral inspiré de Dead Man Walking (qui a été présenté dans plusieurs universités américaines), Tim Robbins a compris que le dialogue et la réflexion étaient toujours plus fructueux que la propagande et le prêchi-prêcha.

«Je crois beaucoup au potentiel de la musique de toucher les gens droit au coeur et d'illuminer l'humanité. Et le folk a une longue tradition de «musique de protestation.» Mais ce qui m'intéresse surtout, c'est de raconter une histoire et transmettre une émotion», confie Tim Robbins, qui chante certaines expériences personnelles et aussi la tragédie d'un vétéran de la guerre d'Irak et le trouble intérieur d'un jeune homme gai.

Sur la scène du Club Soda, on retrouvera un Tim Robbins réinventé, qui adore partir en tournée et monter sur scène. «J'adore cela. C'est beaucoup plus agréable que jouer au cinéma. J'adore l'expérience avec le public, même si chaque fois que je m'apprête à aller sur scène, je suis terrifié.»

Et il confirme sa volonté de ne pas accrocher sa guitare de sitôt. «Je veux faire de la musique le plus longtemps possible.»

Tim Robbins et son Rogues Gallery Band, au Club Soda, le 13 juillet. Pour entendre des extraitsmusicaux: www.timrobbins.net