La première chanson du nouvel album de PJ Harvey vous plonge dans les quartiers les plus déshérités de Washington et il se trouve que l'égérie d'un rock poétique et sombre sait (un peu) de quoi elle parle.

Vendredi, Paul Schwartzman, un journaliste du Washington Post a avoué que - sans le savoir - il avait promené Polly Jean Harvey sur le siège arrière de sa «vieille Mazda déglinguée» dans les quartiers sud-est de la capitale américaine, où drogue et violence se disputent le pavé.

Contacté par un ami d'ami pour emmener «une chanteuse-poète» britannique, Paul Schwartzman reconnaît que ses goûts musicaux précèdent l'émergence de PJ Harvey sur la scène rock et qu'il n'avait aucune idée de qui il transportait dans sa voiture. PJ, elle, riait de temps en temps à ses blagues mais prenait surtout des notes dans un carnet posé sur ses genoux.

Le résultat de cette balade loin du glamour de la Maison-Blanche et des marbres du Congrès c'est The Community of Hope, le premier single de The Hope Six Demolition Project qui doit sortir le 15 avril.

PJ Harvey a diffusé vendredi un clip pour cette chanson, qui montre Paul Schwartzman conduisant sa voiture et entremêle images des quartiers déshérités et celles de sites plus familiers comme l'obélisque du Washington Monument au coeur de la capitale.

Le son et le rythme plutôt entraînant culminent avec le refrain «They're gonna put a Walmart here», repris par un choeur noir. Et cela chagrine un peu Paul Schwartzman. «On voit la joie dans la vidéo, avec des images de fidèles levant les bras au ciel et c'est là que ça coince: le salut venu par la grâce d'un hypermarché semble une idée creuse surtout dans un quartier où les besoins sont immenses», écrit le journaliste ce vendredi dans le Washington Post.

PJ Harvey, elle, n'a pas dit grand-chose sur son nouvel album. Elle a refusé une entrevue à Schwartzman et aussi de le laisser accéder au carnet dans lequel elle gribouillait ses notes pendant la balade. Mais elle l'a encouragé à raconter leur rencontre.

PJ Harvey s'était déjà laissée inspirer par New York dans l'un de ses plus fameux albums, Stories from the City, Stories from the Sea, paru en 2000.

Son dernier opus, le très politique Let England Shake, sorti en 2011, lui a valu un second Mercury Prize, la plus prestigieuse des récompenses musicales au Royaume-Uni.