Avec Vagabond ma religion, le parrain du rap québécois lance un album qui clôt le chapitre Sans Pression pour explorer d'autres horizons musicaux à l'avenir. Discussion avec le père de trois enfants, né à Buffalo de parents congolais, et établi au Québec. Et voyez sa prestation a cappella dans nos studios sur La Presse+.

Q : Vagabond ma religion donne l'effet d'une rétrospective de ta vie et de ta carrière. Pourquoi?

R : Oui, c'est un résumé de tous mes albums. Je parle de mon intégration dans la société et de la façon dont j'ai travaillé fort. C'est la morale de tout mes albums: t'as pas le choix de foncer. Me relever, c'est l'histoire de ma vie. Au secondaire, j'étais le seul à faire des shows de rap.

Q : Pourquoi ce besoin de faire le point?

R : C'est le dernier album de Sans Pression. Il y a beaucoup de choses que je veux faire avec ma musique et avec Sans Pression, je suis dans un moule et mes fans s'attendent à un style de rap pur et dur à l'ancienne. Aujourd'hui, le rap est du fast-food. Je trouve que les paroles ont beaucoup perdu de leur importance dans le hip-hop d'aujourd'hui. Il faut une vision et un message. J'ai besoin de me libérer de Sans Pression, car avec trois enfants, ma vie est remplie de pression. Je vais rester engagé, mais je veux me permettre d'être plus créatif.

Q : Vagabond ma religion s'est enregistré dans quelles circonstances?

R : C'est spécial, car je l'ai enregistré tout seul pour la première fois dans mon studio. J'avais besoin de le faire tout seul dans ma bulle. Personne ne pouvait être tanné que je refasse une prise de voix. Des chansons se sont enregistrées en 30 minutes et il y en a une, S.P., qui a pris trois mois. Je ne voulais rien regretter.

Q : Difficile, le choix des chansons?

R : Avec des chansons comme Intimidation ou Facultés affaiblies, je trouvais qu'il y avait beaucoup de causes sur l'album, mais elles ont toute une raison d'être là, car c'est présent dans ma vie. Je le vois, les gens qui partent soûls pendant mes spectacles [...] Je parle beaucoup à Dieu dans cet album-là. Je lui dis: J'ai fait des niaiseries, mais comprends à travers quoi je suis passé. Dans certaines chansons, j'ai vraiment l'impression de me regarder dans le miroir et de me purifier.

Q : En 1999, tu as lancé l'un des premiers albums rap québécois avec 514-50 dans mon réseau. Les choses auraient-elles été plus faciles aujourd'hui?

R : Ça a pris du temps pour briser les stéréotypes. C'est dur, faire du hip-hop, mais il faut arrêter de dire ça, car c'est dur pour tous les artistes au Québec. C'est pareil pour le peintre, pour le gars qui fait du jazz, du reggae. Quand tu fais de l'art, tu dois avoir une passion.

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RAP, SANS PRESSION, Vagabond ma religion, Dub Avenue.