Monique Giroux estime que plusieurs vont se reconnaître à l'écoute de la succession de titres choisis pour les besoins d'un album nouveau genre.

L'animatrice, qui célèbre 25 ans de radio (surtout à Radio-Canada) fera sûrement plaisir à ses auditeurs et d'autres en devenir avec sa sélection de 16 pièces musicales, suivant ses instincts, ses émotions.Pour créer «Un design sonore», la tâche n'a pas été si simple pour cette boulimique de musique, initiée aux divers genres musicaux par une autre animatrice de la société d'état, Myra Cree, à Oka.

Adolescente, Monique Giroux prenait plaisir à faire des collages de musique, et à offrir des cassettes à ses proches, en y mettant de la musique bien choisie, avec, en prime, une pochette originale enveloppant le cadeau sonore.

L'amoureuse de musique fera à peu près la même chose aujourd'hui, mais auprès de son public, après s'être laissée convaincre par Paul Dupont-Hébert, de la maison tandem.mu.

Le pionnier des albums de duos - et de projets spéciaux - au Québec lui avait suggéré, à la fin de 2007, de bâtir une compilation des meilleures chansons françaises, projet qui a été vite écarté car «il y en aurait eu trop», aux dires de l'animatrice.

En scellant l'accord sur le projet, Monique Giroux retrouvait les mêmes motivations qui l'animaient, alors qu'elle était adolescente, au milieu des années 1970. Après réflexion, elle a d'abord couché sur papier les titres d'une centaine de chansons.

«Je suis partie d'une feuille blanche, a précisé Mme Giroux. Je me suis laissée aller, sans me censurer, à grands jets de chansons. Ça aurait pu partir dans une autre direction. J'ai mis de côté des chansons que j'aime, qui remplissent mon IPhone et mon IPod . Au final, il restait 16 chansons qui se marient bien entre elles. J'ai le sentiment que si je devais en retirer une, le tout s'écroulerait.»

Les chansons sont pour le moins variées. Une en appelle une autre. Et ainsi de suite. Effectivement, ces titres s'enchaînent fort bien. L'animatrice n'est plus derrière son micro mais derrière des tables tournantes pour enfiler 16 chansons sans pause.

«Ce sont des chansons qui ont fini par parler à ma place, a estimé celle qui a aussi fait la conception et la mise en scène de nombreux spectacles aux FrancoFolies. Sans même que je leur demande, en fait. Des chansons qui s'enchaînent comme une longue émission de radio, sans que je n'intervienne. Dans mon silence, c'est tout ce que je n'ai jamais vraiment dit. C'est assez personnel comme disque mais je ne pense pas être originale au point d'être la seule à me reconnaître là-dedans. Des gens vont sûrement se reconnaître aussi, dans ça.»

Des chansons en français (La chanson d'Hélène par Romy Schneider et Michel Piccoli, Amoureux solitaires d'Arman Méliès ou La voix humaine de Catherine Major); d'autres en anglais (Let it be me de Nina Simone, She d'Elvis Costello, The Ballad of Lucy Jordan de Marianne Faithfull), un titre classique (Chopin), et même une inédite.

Il s'agit de celle de Pierre Lapointe qui a accepté de reprendre L'été, maquette qu'avait l'animatrice depuis 10 ans.

«J'avais l'impression de commettre une indiscrétion, a confié Monique Giroux. À l'écoute, dans les premières secondes, elle s'imposait. Pierre a accepté de la refaire. Mais il tenait à ce que l'on précise qu'elle datait de 2000.»

Le choix est varié, certes, mais presque toutes ces chansons sont de facture triste, mélancolique, qu'affectionne la grande dame de la musique. «J'aime ces genres de chansons qui permettent de m'arrêter. Il y a des musiques qui servent à des instants, d'autres à des atmosphères, des accompagnements», a-t-elle tenu à rappeler.

Concernant les chansons choisies en anglais, elle s'inscrivait dans la démarche d'une sélection pour ce projet précis d'album. «Ici, je ne me suis pas censurée. Il s'agit d'émotions qui vont au-delà de la langue. À ce jour, si on avait retiré toutes les chansons anglaises des années 40, 50 et 60, que serait devenu Michel Rivard sans avoir écouté les Beatles, ou Paul Piché sans Bob Dylan?», a-t-elle expliqué.

On a besoin de références, de savoir ce qui se passe ailleurs dans le monde, insistera l'experte en musique et passionnée de la langue française.

«La chanson en français n'a pas besoin de se défendre. Elle n'a pas à avoir peur de l'autre car elle est aussi forte que l'autre, espagnole, anglaise ou serbo-croate par exemple. Elle n'a pas à s'excuser.»

Avec le CD, un livret lève le voile sur chaque chanson choisie. Il faut maintenant s'attendre à ce qu'il y ait une suite à ce premier album, pensé par Monique Giroux.

«Un volume deux est déjà prêt, de confier l'animatrice d'Espace Musique. Il reste à le proposer au producteur. Il vise les années 1980.» Avis aux nostalgiques.