Intro minimaliste électro-calypso, harmonies vocales prog, puis un solo de claviers dance rappelant une discothèque des années 90... Quand Marie-Pierre Arthur et ses musiciens passionnés ont revisité Elle, chanson de son premier album, tous les doutes qu'avait suscités le début du spectacle se sont dissipés.

Quel spectacle, mais surtout quelle audace ! Celle de se réinventer d'un disque à l'autre, d'oser, et d'assumer ses inclinations musicales, en l'occurrence soft-rock, sur son nouvel album, Si l'aurore.

Le pari était de taille pour Marie-Pierre Arthur... et pour la digestion musicale des spectateurs. La pop-rockeuse se produisait dans un Club Soda bien rempli, hier soir, 10 jours après un nouvel album qui propose à son public un important virage musical. Ou du moins un voyage dans le temps, à la belle époque chaude sexy kitsch de la soul-pop et du soft rock.

Les spectateurs ont eu peu de temps pour apprivoiser les nouvelles chansons de Si l'aurore, de même que la chanteuse-bassiste et ses musiciens ont eu peu de temps pour roder leur nouveau spectacle.

Il aura fallu que passe au moins la première chanson, La toile, avant que Marie-Pierre Arthur et ses acolytes ne prennent leurs aises. La voix, les instruments... quelque chose sonnait faux.

Mais dès la longue introduction de Cacher l'hiver, les choses sont rentrées dans l'ordre. À travers des jets de lumière « rubik » de sept structures de forme cubique, Marie-Pierre Arthur bondissait d'un pied à l'autre avec son énorme basse pendant Si l'aurore

Son plaisir avait un effet contagieux et chaleureux, comme toujours.

Sur scène, la brune était entourée d'amis et de fidèles compagnons de scène, à commencer par son réalisateur, amoureux et grand complice musical François Lafontaine. À leurs côtés, Joe Grass et Guillaume Doiron aux guitares, Sam Joly à la batterie, ainsi que Geneviève Jodoin et Erika Angell au choeur. Sept enfants heureux qui s'en donnent à coeur joie dans un carré de sable.

« Vous êtes nombreux... Je suis contente », a lancé au début du spectacle Marie-Pierre Arthur de ce ton informel et sympathique qui la caractérise.

« T'as l'air bien relax avec ton verre de vin », lui a lancé son chum.

A alors suivi la chanson Rien à faire, dont le côté prog a éclaté dans toute sa splendeur grâce aux voix des deux choristes, alors que les basses rappelaient la belle époque de Bennie and The Jets d'Elton John.

Si le nouvel album de Marie-Pierre Arthur s'éloigne du folk-rock contemporain pour se rapprocher des ballades aux instrumentations sirupeuses qui ont favorisé les rapprochements de la génération de ses parents, il se décuple en spectacle en mettant au jour un nombre encore plus élevé d'influences. Emmène-moi a eu droit à une intro « Bon Iver rencontre Kanye West », alors que Fil de soie s'est mutée en chanson digne de Tears for Fears.

Une mention particulière pour le solo de batterie de Sam Joly avec l'ajout rétro-eighties de François Lafontaine à la cloche à vache. Et une autre pour le solo de saxophone tonitruant de Yannick Rieu pendant Comme avant.

Moment cochon

Le public a également pu savourer « un petit segment cochon », dixit Marie-Pierre Arthur. Après tout, l'album Si l'aurore explore le thème du désir et des mystères de la chimie amoureuse.

Comme toute relation amoureuse, le spectacle d'hier a connu un début instable, des moments de rodage et d'imperfection, mais on en retient surtout les moments d'une grande d'intensité. Marie-Pierre Arthur garde la flamme musicale en osant, en se réinventant et en chérissant des chansons de son passé.

Avec le public on ne peut plus consentant du Club Soda, hier soir, nous aurions pris deux heures de spectacle de plus.