Pierre Lapointe a fait le tour du Québec et de sa lointaine banlieue parisienne avant d'atterrir enfin à Montréal hier soir sur son Punkt gonflable rose bonbon. Ce n'est pas comme s'il boudait le public montréalais à qui il avait proposé le lancement échevelé dudit album Punkt il y a un an presque jour pour jour au même Théâtre Maisonneuve. Mais hier soir, c'était du sérieux: un show rodé avec en prime des chansons du tout récent, et non moins bref, disque Les Callas, et des invités spéciaux.

Mais bien avant que son premier invité - le guitariste Michel Robidoux, compositeur des Enfants du diable - se pointe sur scène, Lapointe avait conquis le public de Maisonneuve, avec et sans ses quatre nouveaux musiciens. Après l'intro instrumentale ludique de N20, les Faucher, Mineau, Mandeville et Dyotte ont créé un écrin rock au carrefour du cabaret post-moderne dans lequel les chansons du chanteur ne paraissaient que plus belles, la récente Des maux sur tout aussi bien que la préhistorique Le columbarium, magnifiquement revisitée.

Plus tard, ils ont pris leurs guitares acoustiques pour un segment bivouac au cours duquel Lapointe-le-fantaisiste s'est manifesté. Ce «sexe incarné» (presque) chaste depuis cinq ans, qui s'est donné une mission à la hauteur de ses moyens considérables: alimenter les fantasmes de son public d'un soir.

Oui, Pierre Lapointe était en forme, drôle comme un singe, à l'aise comme c'est pas permis. Son charme ne s'est pas démenti quand il s'est retrouvé seul au piano, mais c'est quand ses quatre acolytes se sont lancés avec lui dans Vous et un Lion imberbe réinventé que cette soirée a atteint un sommet musical.

Au moment d'écrire ces lignes, on attend encore les Random Recipe pour la deuxième version de la soirée de La sexualité, et les copains Ariane Moffatt et Philippe B. Lapointe chante Au bar des suicidés et Deux par deux rassemblés et le public exulte.

Rencontrer Philémon

En début de soirée, les fans de Lapointe ont fait connaissance avec Philémon Cimon, un genre d'extraterrestre qui aurait des gènes de Leloup, du David Byrne coincé des débuts et de Simon des Trois Accords. Des textes hallucinés, des présentations trempées dans l'absurde et de jolies musiques bien servies par deux guitares, un clavier, un saxo et la harpe de Sarah Pagé qu'on distinguait toutefois difficilement par grands bouts.

Pas désagréable du tout.