Il y avait une atmosphère des grands soirs samedi au Métropolis où un public diversifié était venu voir et entendre la nouvelle reine de la chanson du Royaume-Uni. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire Emeli Sandé, la jeune femme de 24 ans a surpassé toutes les attentes de ces spectateurs curieux.

Quelle voix, les amis! À la fois souple et puissante, capable de toutes les acrobaties mais guidée par une maturité artistique étonnante pour une artiste si jeune, et qui explique sans doute pourquoi son tout premier album, Our Version Of Events, est le disque de l'année dans son pays.

Cette chanteuse dont on parlera sans doute pendant des années, le public du Métropolis a eu la chance de la découvrir dans un environnement musical idéal. Plutôt que de traverser l'Atlantique avec son groupe élargi, Emeli Sandé a choisi d'entreprendre sa conquête de l'Amérique presque sur la pointe des pieds en se faisant accompagner d'un guitariste-bassiste, un claviériste et un percussionniste qui ont tout compris: quand on travaille avec une chanteuse pareille, on se fait discret et on lui laisse toute la place.

Une voix exceptionnelle, chaude, vibrante, assurée, mais plus encore une présence. À la voir arriver dans son chemisier blanc et sa jupe noire, on n'a pas idée à quel point cette diplômée universitaire en neurosciences possède une énergie contagieuse. Emeli Sandé bouge continuellement, comme si elle était possédée par ses chansons dont elle nous raconte systématiquement la petite histoire: Where I Sleep, sur la personne qui compte le plus dans sa vie où qu'elle soit dans le monde; Heaven, la chanson qui a lancé sa carrière et qui se veut une sorte de prière sur le besoin de se dépasser; Clown, qu'elle chante en s'accompagnant au piano comme une ode à la résistance à la moquerie ambiante; et Mountains dédiée à sa mère écossaise et son père zambien grâce à qui tout est possible.

Il y a une bonne dose de renforcement positif, et sans doute un peu de naïveté, dans ce que chante Emeli Sandé, mais on y entend également les préoccupations sociales d'une jeune femme dégourdie. Et elle s'exécute avec une telle énergie et un tel naturel, ponctué d'éclats de rire, qu'elle vient facilement à bout de toutes les réserves.

Les spectateurs montréalais ont chanté avec elle et applaudi longuement ses chansons les mieux connues, My Kind of Love et Next To Me. Ils ont également apprécié son emprunt à son idole de toujours Nina Simone (I Wish I Knew How It Would Feel To Be Free) et le clin d'oeil à Coldplay dont elle reprend Every Teardrop Is a Waterfall façon unplugged en substituant sa voix à la guitare électrique de Jonny Buckland.

Au rappel, elle nous a laissés sur sa version de Read All About It, le succès de Professor Green qu'elle a chanté lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Londres. Juste avant, la fort belle Breaking the Law, la chanson la plus dépouillée de son album, semblait faite sur mesure pour ce concert mémorable.