Les scalpers sont restés avec des billets mais Luc le barman, lui, a failli manquer de bière mercredi soir au Centre Bell où le trio ZZ Top a servi à ses fans exactement ce qu'ils attendaient: une heure et quart de gros rock, le pied dans le tapis!

Deux micros. Derrière celui de droite, portant chapeau, verres fumés, costume gris et barbe rousse jusqu'au sternum, Billy Gibbons, guitariste et chanteur. Derrière celui de gauche, portant chapeau, verres fumés, costume gris et barbe blonde jusqu'au sternum, Dusty Hill, bassiste. Derrière ces deux vieilles barbes, perdu au milieu d'une méga-batterie, Frank Beard, drummer ganté qui tape les peaux comme au jour du dernier jour. Sans barbe, malgré son nom.

Dans le langage rock, ZZ Top fait partie des power trios, la plus élémentaire des formations rock: guitare, basse, drums. Une constante du genre: le guitariste extraordinaire comme Clapton, Hendrix et Billy Gibbons qu'il faut certainement compter parmi les grands. À part quelques mesures jouées de sa seule main gauche, Gibbons ne fait pas d'esbroufe, s'en tient même au minimum dans quelques pièces sans que le son d'ensemble n'en souffre. Le signe des vrais. Quant au duo rythmique de Hill et Beard, il est la source inépuisable de la «puissance» du trio.

Mercredi, ZZ Top a livré un mélange de pièces anciennes - plusieurs tirées de l'album Eliminator de 1983, leur meilleur - et du récent La Futura, leur premier CD en neuf ans: écoutez I Gotsta Get Paid sur YouTube.

ZZ Top, les profanes l'auront compris, vit par et pour la scène. «On vient à Montréal depuis quatre décennies», a lancé Gibbons aux quelque 5800 spectateurs en guise d'introduction. «Les trois mêmes gars... avec les trois mêmes accords.»  Jeudi soir au CNA, il dira: «On vient à Ottawa depuis quatre décennies»... Les Texans avaient 21 ans quand ils ont formé ZZ Top en 1970 (www.zztop.com), bien avant la naissance de plusieurs des spectateurs de mercredi: certains mythes transcendent les générations.

ZZ Top, cela dit, assume totalement son côté cartoon. Derrière le trio, sur un écran géant, défile une manière de road movie où les roadsters, ô surprise! sont conduits par des dames aux atouts surdimensionnés, blondes pour la plupart mais toutes minimalement vêtues parce qu'il peut faire pas mal chaud dans le désert du Texas. Autour des diners de la Route 66, ZZ Top chante Beer Drinkers & Hell Raisers.

Scott Price, le seul «nom» que nous avons vu mercredi, a vite résumé l'événement: «Quand je faisais du club, nous a dit le brillant chef d'orchestre, on jouait Tush et toutes ces tounes-là. Basic rock'n'roll, man!»