Elle ne se produit plus en grand au Centre Bell, mais elle a presque rempli le Métropolis, mardi soir. Le public? Des jeunes, des plus vieux. Des filles, et étonnamment beaucoup de gars qui connaissent les paroles de ses chansons par coeur.

Il y a plus de 15 ans déjà, Alanis Morissette était la reine de la planète pop-rock avec 33 millions d'exemplaires vendus de son album enragé Jagged Little Pill. C'était l'idole de millions d'adolescents et jeunes adultes.

Certains l'ont suivi, d'autres non, mais il y a quelques semaines, la chanteuse originaire d'Ottawa a sorti son huitième album en carrière, Havoc And Bright Lights, inspiré du bonheur d'être mère et nouvellement mariée.

En début de spectacle, «Alanis» semblait à court de souffle en passant du chant à l'harmonica pendant All I Really Want, mais tout est rapidement rentré dans l'ordre. Portant des pantalons en cuir noir assortis d'une veste grunge, la brunette a peu changé avec ses longs cheveux bouclés écrasés sur sa tête. Ses mimiques, son sourire, sa façon de marcher de long en large de la scène ou de bouger la tête sur le côté en chant ou en grattant frénétiquement sa guitare; c'était comme dans le bon vieux temps!

Par rapport au studio, ses nouvelles chansons sont plus efficaces et prenantes en spectacle, que ce soit Woman Down, Edge of Evolution et Guardian. Mais la foule était surtout réunie au Métropolis pour les vieux succès d'Alanis Morissette, et cette dernière a pris un grand plaisir à les interpréter.

Sauf erreur, Alanis a chanté sept succès de Jagged Little Pill. Comblée, la foule ne demandait qu'à se laisser bercer par Head Over Feet, se défouler sur You Oughta Know et s'époumoner à chanter les paroles d'Ironic par coeur, où Alanis s'est amusée à modifier les paroles: It's like meeting the man of my dreams and meet his beautiful... husband.

Alanis a servi Hand in My Pocket en rappel dans un segment acoustique. Comme à l'époque, elle a même fait virevolter son imposante crinière dans les airs pendant Uninvited (où sa voix était d'une grande justesse) et elle a fait un doigt d'honneur au milieu d'All I Really Want. À réécouter les paroles, facile de comprendre pourquoi le cri du coeur de cette chanson a interpellé autant de «jeunes incompris»: And all I really want is some patience/A way to calm the angry voice.

Avec la pop-rock hargneuse de Jagged Little Pill, Alanis Morissette a mis le doigt sur les ressentiments amoureux et identitaires de toute une génération. Aujourd'hui, la nouvelle maman respire plutôt l'équilibre et la plénitude. L'auteure-compositeure-interprète n'a jamais su répéter le succès de Jagged Little Pill, mais avec ses multiples albums et ses rôles au cinéma et à la télé (Degrassi, Weeds), Alanis ne s'est jamais méritée le statut d'has-been.

Au Métropolis, mardi soir, force était de constater que son répertoire donne un spectacle solide: I Remain (tirée du film Prince of Persia), Hands Clean, So Pure ou encore Thank U, de circonstance pour finir un concert.

Tous et chacun auraient aimé entendre tel ou tel titre (Joining You et Unsent en ce qui nous concerne), mais bon: Alanis était enthousiaste, généreuse et en forme. Ses musiciens aussi. Sans être magique et déjanté, le spectacle était un savoureux retour dans le temps. Une soirée feel-good où Alanis a comblé les attentes de la foule. Où les spectateurs sont rentrés à la maison en se disant: mais que le temps passe vite.

Conclusion? Comme le lait, les souvenirs associés à la musique sont une source naturelle de réconfort.