Petite soirée sympa samedi dernier en compagnie de l'actrice, réalisatrice et interprète d'origine portugaise Maria de Medeiros, davantage reconnue pour ses rôles au cinéma, Pulp Fiction et Henry & June évidemment, que pour la chanson qu'elle pousse en dilettante, permettez-nous de l'écrire sans méchanceté puisque sa présence fut néanmoins appréciée.

Appréciée, certes, mais pas très courue. À vue d'oeil, pas plus de 150 spectateurs dans la 5e salle de la Place des Arts. Déjà intime, pour que cette salle ait l'air à demi-vide en plus, c'est bien que les festivaliers avaient autre chose au programme, comme aller danser au froid et aux rythmes de DJ Dee sur la Place des Festivals, bondée et illuminée en ce samedi soir neigeux.

Ça n'a toutefois pas eu l'air de démonter l'artiste, qui se disait franchement heureuse de présenter chez nous ce tout nouveau spectacle articulé autour de ce deuxième album, pas encore paru chez nous, intitulé Peninsulas & Continentes. Tout est dans le titre: un spectacle comme une croisière à travers les péninsules de la Méditerranée, jusqu'aux continents américains. Larguons les amarres.

L'heureux constat de la soirée: Madame de Medeiros a fort bon goût. Musicalement, elle passe de la samba au jazz, de la bossa à la chanson, et même une incursion, fort belle, dans la chanson angolaise.

Ses airs sont souvent touchants, ses reprises senties et chaleureuses. Si Maria de Medeiros fait la chanson en dilettante, elle demeure une interprète au sens propre, elle incarne avec fougue et pétillement les textes des poètes qu'elle invoque, le Chilien Victor Jara, l'icône de la chanson engagée portugaise Zeca Afonso. Même Brassens, façon cool jazz, se glisse parmi le répertoire des intouchables brésiliens qu'elle revisitait sur son premier album (A Little More Blue, 2007), Gilberto Gil ou encore Caetano Veloso.

Tout ça est si généreusement présenté - malgré une performance assez courte d'une quinzaine de chansons -, si humblement livré, que c'est avec indulgence qu'on laisse passer les arrangements trop souvent ternes.

La sonorisation n'a d'abord pas aidé. En début de concert, le percussionniste paraissait assourdissant, chaque coup de grosse caisse me faisant sursauter. Ça s'est tassé par la suite, mais c'est tout comme si on n'entendait à peine le jeu, simplement correct, du pianiste. Comme, à regret, celui du réputé tromboniste brésilien Itacyr Bocato, trop discret en première partie.

Mais l'orchestre a semblé se décoincer après l'entracte, comme s'ils avaient tous eu le temps de siffler un petit café pour chasser le décalage horaire. « On est tous un peu jetlaggé », s'était excusée, rieuse, Maria de Medeiros en début de concert. Elle a un joli brin de voix, une façon bien à elle de s'en servir surtout. Un peu ingénue, captivante dans ses expressions et ses gestes.

Ses accompagnateurs ont fini par trouver le bon rythme, par se laisser aller, on a même eu droit à un fameux solo de Bocato. Juste comme la croisière commençait à l'amuser, nous étions déjà rendus au bout du voyage, bien avant 22h. Dommage.