L'information provenant de l'Université de Montréal mentionnait deux compositeurs seulement pour le concert de fin de saison de Sixtrum, jeudi soir: l'omniprésent Nicolas Gilbert et le moins sollicité Myke Roy. Leurs pièces, il est vrai, étaient en création. Mais quatre autres noms les précédaient à ce dernier programme du sextuor de percussions qu'animent Robert Leroux et Julien Grégoire à l'UdM: Bruce Mather, György Ligeti, John Rea et Jana Vörösova.

Personnage original qui parle plusieurs langues et écrit des romans, Nicolas Gilbert lance sa pièce sur un son isolé et extrêmement violent qui prend par surprise et retient l'attention. La multiplicité de timbres que les six percussionnistes produisent ensuite sur leurs instruments nombreux et variés possède une solide unité rythmique que gâte un peu, vers la fin, un épisode sentant le minimalisme.

Myke Roy termine la soirée avec un petit théâtre musical dont le lien avec le titre (voir ci-après) m'échappe encore. Au centre, sous un spot, l'un des musiciens, appelé «mime sonore», fait semblant de frapper ses instruments, pointant ses baguettes vers le haut ou vers le bas, comme il se doit, mais dans le vide; ce sont les cinq autres, dans l'obscurité, qui jouent à sa place, et dans une synchonisation presque toujours parfaite avec lui. À un moment donné, ils ne répondent plus aux gestes du musicien, qui sombre dans une sorte de désespoir.

La première moitié du concert débutait par trois des quatre Études de Bruce Mather, respectivement pour wood-blocks, pour claviers et pour métaux. Mather exploite magnifiquement les trois couleurs. On en regrette d'autant plus l'omission, pour des raisons de minutage, de la quatrième Étude, confiée aux timbales.

Aussi à l'aise dans la subtilité que dans la force fracassante, Sixtrum rend justice aux fines transcriptions, de John Rea, de deux Études à l'origine pour piano de Ligeti. Et le parfait contrôle des six coéquipiers au niveau de la dynamique crée des plans sonores bien définis dans la pièce de la Tchèque Vörösova qu'ils créaient lors de leur récente tournée en France.

Sixtrum donnait ce concert final de saison en hommage au percussionniste montréalais Pierre Béluse. M. Béluse était présent, bien sûr, de même que MM. Mather, Rea, Gilbert et Roy parmi les quelque 250 auditeurs.

ENSEMBLE DE PERCUSSIONS SIXTRUM. Jeudi soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.

Programme: Trois Études (2001) - Mather

Deux Études (2009) - Ligeti, arr. Rea

Zoom (2008) - Vörösova

Les mécanismes de l'esquive (2009) (création) - Gilbert

Pierre qui roule n'amasse pas paradiddles gather no moss (2009) (création) - Roy