Monica Freire venait tout juste d'achever le standard Les eaux de Mars quand elle s'est levée d'un bond, un tambourin dans une main et une baguette dans l'autre, pour lancer son groupe dans un entraînant numéro de percussions. Elle virevoltait sur la scène, libre et radieuse, au milieu de ses musiciens, qui affichaient eux aussi une mine heureuse. La salle était plongée dans la pénombre, mais on devinait qu'une bonne partie de l'assistance devait avoir un sourire collé au visage.

Un tel moment de bonheur, on n'en vit pas tous les soirs, même quand on court les spectacles à longueur d'année. Mais c'est l'effet que produit Monica Freire, qui se produisait hier à la Cinquième salle de la Place des Arts. Car elle ne crée pas que des chansons élégantes, à la fois suaves et entraînantes, elle concocte de la musique qui fait un bien fou au corps et au coeur.

 

Monica Freire avait pourtant amorcé son spectacle Na Laje, inspiré de l'album du même titre, en douceur. Elle a ouvert avec Você Tem Que Decidir, une chanson assez veloutée, qui a fait craindre qu'elle mise sur l'aspect cocooning de son univers musical. On s'en délecte sur disque, mais pas sûr qu'il aurait été approprié de miser là-dessus sur scène.

La crainte n'était pas fondée. Déjà, à la fin du morceau, la musique avait pris du tonus. Il était clair que son groupe n'était pas là que pour glisser un tapis moelleux sous la voix douce de la chanteuse. Naviguant habilement entre samba réinventée, reggae léger, pop brésilienne et accents africains, tout ce beau monde a vite fait d'insuffler un plaisant groove au spectacle. Impossible de ne pas battre la mesure avec sa tête. Difficile, même, de résister à l'envie de remuer les fesses sur son siège.

Na Laje, contrairement à Bahiatronica, fait peu de place aux machines et aux bidouillages électroniques. Il est donc tout naturel que le spectacle témoigne de cette approche plus organique. Les séquences enregistrées étant réduites au minimum, les musiciens avaient beaucoup d'espace pour s'exprimer. Il y avait quelque chose d'intéressant à écouter partout où on posait notre oreille, qu'il s'agisse du jeu de guitare chromatique de Jean-Philippe Lagueux ou de celui, à la fois ferme et dansant, de Tony Albino à la batterie (cet homme est un magicien!).

Aucune faute de goût dans ces arrangements, aucun accrochage digne de mention, seulement de la musique fluide et engageante. Et au centre de cette musique qui faisait du bien, la belle Monica, sensuelle et joyeuse. Un pur bonheur, vraiment.