Une fin de semaine de rêve, et pas seulement grâce à une météo plus clémente! Car les mélomanes ont eu l'embarras du choix. En plus des concerts programmés aux festivals Pouzza Fest et Kinetik, deux poids lourds du rock indé se sont amenés, et à guichets fermés: la Suédoise Lykke Li et les Britanniques d'Arctic Monkeys.

Le Wounded Rhymes qu'a lancé Lykke Li plus tôt cette année compte parmi les meilleurs disques de pop indé de l'année. La chanteuse est venue le défendre devant nous à l'occasion de sa troisième visite à Montréal, après le Club Soda en 2009 (on se souviendra qu'elle était alors grippée) et une scène à Osheaga la même année.

Nous disposions donc des meilleures conditions possible pour entendre la demoiselle... qui a néanmoins offert un concert inégal et plutôt chiche: à peine une heure et quart, rappel compris.

Le temps passe d'autant plus vite en sa présence que celle-ci est absolument captivante. Une vraie bête de scène, un déhanchement qui n'apparaît pas calculé, une voix défiante, la blonde gesticule en se chamaillant avec le rideau de tissu noir qui pend au centre de la scène et qui ondule, poussé par les ventilateurs et la fumée artificielle. Par moments, elle nous rappelait la Marianne Faithfull mi-frondeuse, mi-vulnérable de l'époque Broken English.

L'enchaînement des chansons n'était cependant pas optimal. Trop de ballades lancées trop tôt: suivre la superbe Sadness is a Blessing par Paris Blues en début de concert, ça n'aide pas à garder l'attention des fans. Plus dansante, I Follow Rivers a suivi, puis la pétillante Dance Dance Dance. L'orchestre assure, sans guitare, sauf une basse. Un batteur et deux claviéristes complètent l'ensemble.

La diablesse s'est bien reprise avec une fin de performance beaucoup plus musclée, où elle a interprété son premier succès, Little Bit, puis la rageuse Rich Kid Blues, pour enfin clore les 60 minutes du spectacle avec Get Some. Les fans ont été remerciés par un court rappel de Youth Knows No Pain, mixée avec Power de Kanye West, mais la chanteuse n'a pas daigné nous offrir sa reprise de Silent Shout des collègues suédois The Knife. Dommage...

Arctic Monkeys à l'Olympia

Les groupes rock viennent et vont à une rapidité telle qu'on oublie parfois ce qui nous avait fait craquer pour eux. Dimanche soir, Arctic Monkeys nous l'a rappelé à l'aide d'un furieux concert.

Il y a six ans, le quartet de Sheffield était la coqueluche des réseaux sociaux - enfin, du réseau de l'heure, MySpace- et explosait sur toutes les tribunes avec I Bet You Look Good on the Dancefloor, tirée du spectaculaire premier album Whatever People Say I Am, That's What I'm Not. À l'aube de la sortie de son quatrième album, Suck it and See, le groupe est venu casser ses nouvelles compositions devant un parterre déchaîné.

Ses membres étaient explosifs sur scène il y a cinq ans, ils le sont toujours autant, mais l'expérience en a fait de bien meilleurs musiciens. Soit, Alex Turner n'est pas un grand guitariste, mais son aura de leader l'emporte sur ses solos laborieux. Surtout, nous avions là un chanteur rock affirmé, pourvu d'un fort charisme et d'une sacrée bonne voix.

Le groupe exprime un certain idéal du rock britannique, avec ses motifs de guitare électrique accrocheurs à souhait, son énergie presque punk, ses riffs entêtants et ses compositions dans les règles de l'art. De dignes successeurs de ce que représentait Oasis il y a près de 20 ans, avec les chansons qui vont avec: de la nouvelle Library Pictures en ouverture en passant par l'enragée Still Take You Home (du premier disque) lancée peu après, le groupe distribuait ses changements de tempo et de rythmes comme autant de coups de pied au derrière.

Comme pour Lykke Li, le concert des Monkeys n'a pas traîné en longueur - 90 minutes bien tassées -, mais Turner et consorts n'ont pas traîné non plus en enfilant la vingtaine de chansons. Mode, pas mode, Arctic Monkeys est là pour rester.