Tête d’affiche du festival Osheaga en août prochain, Noah Kahan, auteur-compositeur-interprète et vedette de TikTok, ameute les foules partout où il passe grâce à son indie-folk accrocheur. Décryptage d’un phénomène, juste avant le passage de l’artiste au Centre Bell ce week-end.

Les débuts et le web

PHOTO HILARY SWIFT, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Noah Kahan

Comme pour de nombreux artistes de sa génération, c’est l’internet qui a d’abord permis à Noah Kahan de rejoindre son public, puis d’atteindre le succès qu’on lui connaît aujourd’hui. Devenu l’un des artistes émergents les plus populaires de sa génération, il attire 37 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify. Son mégasuccès Stick Season (nous y reviendrons) a accumulé près de 800 millions d’écoutes sur la plateforme. Originaire du Vermont, maintenant âgé de 27 ans, Kahan a été l’un de ces artistes milléniaux qui ont publié des vidéos d’eux sur YouTube et Soundcloud pour lancer leur carrière, proposant des reprises de chansons. Si plusieurs n’avaient jamais entendu parler de lui avant tout récemment, Kahan a fait ses vrais débuts dès ses 19 ans, assurant la première partie de Milky Chance en tournée. Noah Kahan est prolifique : en 2018, il a fait paraître un mini-album (Hurt Somebody), puis, en 2019, un premier album (Busyhead), suivi en 2020 d’un autre mini-album (Cape Elizabeth) et d’un deuxième album en 2021 (I Was/I Am). Les quatre projets, à saveur pop, n’ont pas connu de franc succès, bien qu’un des simples du premier disque se soit momentanément glissé dans le classement Billboard (la pièce Hurt Somebody).

Extrait de la pièce Stick Season
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Le pouvoir de TikTok

Et puis, il y a eu TikTok. C’est finalement grâce à une série de vidéos sur la populaire plateforme que Noah Kahan a amorcé son ascension vers la gloire. Des extraits de sa chanson Stick Season, avant même qu’elle ne sorte, sont devenus viraux dès 2020. Près de deux ans plus tard, en 2022, il a sorti la fameuse pièce, marquant à gros traits son virage vers le folk. Le vidéoclip de la chanson affiche à l’heure actuelle 16 millions de visionnements sur YouTube. La parution, peu après, de l’album également intitulé Stick Season a finalement assuré pour de bon l’accession de Noah Kahan dans la culture populaire. Après une première édition de luxe de l’album, l’artiste a encore plus marqué le coup en faisant paraître une autre version comprenant des collaborations avec plusieurs artistes populaires, reprenant des chansons du disque. Ainsi, Post Malone (sur la chanson Dial Drunk, l’une des plus aimées du public), Hozier, Lizzy McAlpine, Sam Fender, Brandi Carlile, Gracie Abrams et Kacey Musgraves, des artistes touchant tous un public différent, ont contribué à mettre encore plus en lumière l’arrivée de Noah Kahan dans la culture pop.

La carte de l’authenticité

Le pouvoir de la viralité a fait de nombreux inconnus des mégavedettes ces dernières années. Les réseaux sociaux ont en grande partie mené Noah Kahan là où il est. Ce qui lui a concrètement permis de se démarquer ? Son côté authentique, sans artifice. Il présente un folk flirtant avec la pop et le country, souvent épuré. Ses textes abordent tant les problèmes de santé mentale (dont son anxiété) que ses défauts. Les commentaires sous ses vidéos YouTube, qui encensent ses paroles, en témoignent. « J’entends beaucoup de choses insignifiantes à la radio, puis cette chanson est arrivée, [...] une musique qui vient du cœur », peut-on par exemple lire sous le vidéoclip de Stick Season. Son arrivée dans l’œil du grand public coïncide aussi avec le succès de Zach Bryan, dont le country-folk n’est pas sans rappeler l’offre de Kahan. Ce dernier a souvent dit que son album représentait la musique qu’il avait toujours voulu faire, une musique qui lui ressemble. Après une tournée en 2022 et en 2023, il s’est tout de suite lancé dans une nouvelle série de concerts, la tournée We’ll All Be Here Forever, qui lui fera parcourir l’Amérique du Nord et permettra un arrêt à Montréal (il ne reste plus que quelques billets sur le parterre au moment d’écrire ses lignes).

Extrait de Dial Drunk (avec Post Malone)
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Des sélections et des invitations

PHOTO HILARY SWIFT, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Noah Kahan

L’ascension n’a pas cessé depuis la parution de Stick Season. Noah Kahan s’est taillé une place parmi les finalistes dans la catégorie du meilleur nouvel artiste aux prix Grammy, en février dernier, sa première présence à la cérémonie. L’an dernier, le magazine TIME l’a inclus dans son Top 100 des personnalités montantes. La popularité de la chanson Stick Season n’a pas non plus tari. Accédant à la première position des classements globaux britannique et australien, la chanson s’est également hissée en dixième position du palmarès Billboard, en début d’année. Invité sur tous les plateaux de talk-shows tels Jimmy Kimmel Live !, The Late Show with Stephen Colbert, Late Night with Seth Meyers ou The Kelly Clarkson Show, l’artiste continue de faire sa place.

Toujours plus de collaborations

Alors qu’il donnait un concert à Toronto au début du mois, Noah Kahan a été rejoint sur scène par la vedette canadienne Shawn Mendes, une apparition surprise qui a ravi le public et qui confirme l’explosion du succès de l’auteur-compositeur-interprète américain, avec qui tout le monde souhaite s’associer. Celui-ci a également été convié par Olivia Rodrigo à la rejoindre sur scène récemment, au Madison Square Garden de New York. Le duo a interprété... Stick Season, morceau que Rodrigo avait repris l’an dernier. Kahan, lui, s’était joint à la formation Tiny Habits pour réinterpréter la chanson lacy pour un épisode de la très appréciée série Live Lounge de la radio BBC (des performances en direct, en studio, auxquelles nombre d’artistes renommés sont invités). Partout où il passe, Noah Kahan laisse peu de gens indifférents.

Au Centre Bell ce samedi, puis au festival Osheaga le 2 août