Cinq ans après le divertissant CrasH Talk, le rappeur de Los Angeles propose un album plus introspectif et éclectique.

La discographie de ScHoolboy Q est l’une des plus impressionnantes du rap des 12 dernières années. Malgré tout, il est rarement mentionné parmi les meilleurs de sa profession.

Possiblement parce qu’il était dans l’ombre de Kendrick Lamar quand ce dernier était sur la même étiquette, Top Dawg Entertainment. Ou parce que le MC californien se fait discret entre ses albums. Près de cinq ans se sont écoulés entre la sortie de Blue Lips et du précédent CrasH Talk. À la suite de quelques écoutes de la sixième offrande de ScHoolboy, on peut affirmer qu’il a utilisé ce temps à bon escient.

Blue Lips s’ouvre avec des notes envoûtantes de flûte, puis des notes chaleureuses de guitare qui accompagnent un refrain comique – le titre de la pièce est Funny Guy. Le ton change complètement sur la punk rock Pop, avec Rico Nasty. On aime quand les rappeurs positionnent leurs chansons énergiques en début de parcours. THank god 4 me, juste après, poursuit sur la lancée en s’appuyant sur un tempo glorieux en crescendo qui s’adoucit vers la fin et met la table pour Blueslides. Sur ce magnifique morceau empreint de jazz mélancolique produit par TaeBeast et J. LBS, Q évoque la mort de son ami Mac Miller et se promet d’améliorer certains de ses comportements.

L’explosive Yeern 101 relance le cycle avec force. À l’instar de THank god 4 me, Love Birds passe d’un rythme écrasant à une douce pulsation, sans toutefois être aussi efficace. On oublie rapidement Movie, qui est essentiellement une chanson de Az Chike, mais Cooties sort du lot. Sur cette dernière, Quincy Matthew Hanley se montre reconnaissant pour ses richesses et sa famille, tout en exprimant son inquiétude par rapport aux fréquentes fusillades dans les écoles. « Mass shootings, when will they stop it ? Hmm/’Nother kid go for unlimited profits/Rather keep my kid home, before you fuck up the process/I’d rather die and lose it all, before they don’t get the knowledge. »

oHio est une autre pièce qui bénéficie d’habiles transitions et, en prime, d’un puissant couplet de Freddie Gibbs. Foux, avec Ab-Soul, est une brillante composition de TaeBeast, Mario Luciana et Jason Wool qui emprunte au jungle.

Alors que First est assez conventionnel, Nunu surprend par sa structure et son ambiance diffuse. Le beat de Back N Love est bien lourd, mais l’ensemble est redondant. Sans surprise, ce que The Alchemist a concocté pour Q lui va à merveille, puis lorsque les percussions s’ajoutent, Lost Times devient sublime. Sur Germany 86´, ScHoolboy revient sur son enfance – il est né sur une base militaire en Allemagne avant d’atterrir dans la dangereuse rue Hoover.

L’approche non conformiste du rappeur est mise en évidence sur Time killers et Pig feet, un énorme son avec Childish Major. Smile est une conclusion étrange et brève, mais qui reflète tout de même le caractère énigmatique de ScHoolboy Q.

Extrait de Blueslides, de ScHoolboy Q
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Blue Lips

Rap

Blue Lips

ScHoolboy Q

Top Dawg Entertainment

8/10