Avec une force tendre, Maten mêle ses racines innues à un folk-rock moderne et décomplexé.

Un détail suffit parfois à donner de l’élan à un disque. Sur Utenat (la ville), ce sont les chœurs qui soulèvent Nitepuatauat, morceau judicieusement choisi pour ouvrir ce quatrième album de Maten, groupe rock innu venu de Mani-utenam, sur la Côte-Nord. En plus de séduire l’oreille sur-le-champ, ces voix mélangées symbolisent ce qui fait la force des nouvelles chansons du trio formé de Samuel Pinette, Kim Fontaine et Mathieu McKenzie : l’esprit de collaboration.

Sur le morceau d’ouverture, Maten a notamment invité ses amis Atikamekw du groupe Black Bear, de Manawan. Ici ou là, c’est Shauit et Scott-Pien Picard (tous deux Innus de Mani-utenam), Beatrice Deer (une Inuk du Nunavik) et même le Sénégalais Elage Diouf (sur Ueshama) qu’on entend, en plus d’une foule d’autres amis et proches du trio. Chacun apporte sa couleur, sa charge émotive.

Cette ouverture aux autres s’entend aussi dans les musiques. Maten prend appui dans un folk-rock parfois teinté de souvenirs country, mais étend ici son univers à un rock plus moderne à la faveur de basses glissantes ou volontaires, d’une batterie affranchie des rythmes binaires, d’un travail d’atmosphère qui n’a rien de tape-à-l’œil. Et tout ça sans perdre ce qui l’enracine dans la culture innue.

Utenat est un disque multiple où le groove (Ueshama) côtoie un folk-pop délicatement épique (Uitamu), de l’indie rock dépouillé entraînant (Tshika ui pishikun) et où le chant traditionnel est judicieusement intégré. Ces chansons rendues par une équipe étoile (Alain Quirion, Réjean Bouchard, Joe Grass, Jean-François Bélanger, entre autres, entourent les gars de Maten) parlent d’espoir, d’amour et de regarder en arrière – pour demander conseil aux aînés, notamment — pour mieux faire le pont vers l’avenir. Ce disque-là est porté par une force tendre.

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Utenat

Rock innu

Utenat

Maten

Makusham Musique

7/10