« Être père, c'est la meilleure chose au monde », lance au bout du fil Jason Sechrist, du groupe Portugal. The Man.

L'année 2017 a été formidable pour le batteur, à la fois dans sa vie personnelle et professionnelle. Il a eu son premier bébé et son groupe a eu l'un des succès radio de l'année, Feel It Still.

Notre entretien avec Jason Sechrist a eu lieu quelques jours avant la dernière soirée des Grammy. « C'est drôle qu'on se retrouve là », dit le musicien, sans trop se prendre au sérieux. « Nous savions que Feel It Still était la chanson la plus accrocheuse de l'album », concède-t-il néanmoins. Portugal. The Man y a finalement remporté le Grammy de la meilleure performance pour un duo ou un groupe pour Feel It Still.

Le groupe a par ailleurs dû payer des droits d'auteur pour la forte ressemblance de Feel It Still avec le classique Please Mr. Postman du girl group The Marvelettes. Or, la référence était bien involontaire.

« C'est le genre de situation où tu écris une chanson et tu te rends compte à la fin qu'elle ressemble à une autre, explique Sechrist. Soit que tu la changes, soit tu paies pour en faire un hommage évident. »

Inspiré par un vieux billet

En juin 2017, Portugal. The Man a lancé Woodstock, son huitième album, qui fait suite à l'excellent Evil Friends, sorti en 2013. Or, le groupe a mis du temps avant de voir la lumière au bout du tunnel. Il a même jeté des compositions à la poubelle, l'équivalent de trois ans de travail. « Nous avions écrit trop de chansons. Et à un moment, c'était juste trop de temps et trop de papiers », raconte Jason Sechrist.

Alors que le chanteur John Gourley se trouvait chez ses parents en Alaska, son père l'a ramené dans le droit chemin de la création. « Il me semble que c'est simple d'enregistrer un album. N'est-ce pas ce que les groupes font, écrire des chansons et les sortir ? », a-t-il lancé à son fils.

Son père a aussi retrouvé son billet du mythique festival Woodstock, qui a eu lieu en 1969, au coeur de la contestation de la guerre du Viêtnam. Pour John Gourley, ce fut une révélation : la musique doit refléter le climat social de son époque.

« C'est incroyable que le billet soit resté intact pendant 50 ans en Alaska », souligne Jason Sechrist.

Repartir à zéro

Portugal. The Man s'est donc remis au travail avec plusieurs réalisateurs, dont Danger Mouse (qui a signé la réalisation d'Evil Friends), son collaborateur de longue date Casey Bates, ainsi que Mike D des Beastie Boys.

« Mike D est un batteur punk-rock à la base. Son esprit parle à travers son instrument. Il a un langage musical plus qu'une technique. Il a vraiment été inspirant », souligne Jason Sechrist.

Au bout du compte, l'album Woodstock a un souffle hip-hop et témoigne d'un engagement politique subtil. Il bénéficie aussi du don qu'a le groupe pour les refrains exaltants.

« La politique est chaude en ce moment... Depuis 24 mois, c'est un peu le chaos, lance le batteur. Nous n'avons pas creusé trop profondément, on a juste voulu guider les gens dans leurs choix en leur indiquant qu'il y a des options. »

Au MTELUS le 21 février. En première partie : Twin Peaks