L'Heptade d'Harmonium, oeuvre phare du répertoire musical québécois, revêtira des habits symphoniques et sera livrée à la puissance 64 par les musiciens de l'Orchestre symphonique de Québec aux côtés de Beethoven, Prokofiev, Wagner et Tchaïkovsky, entre autres.

Non content de la présence sonore déjà imposante d'un orchestre symphonique, le producteur Daniel Gélinas a aussi décidé de répéter l'expérience tentée avec succès l'an dernier d'amplifier chacun des musiciens de l'Orchestre et d'ajouter tous les effets de scène habituellement associés aux concerts rock afin de donner un véritable effet coup de poing à la musique classique.

En présentant le concert, lundi à Montréal, Daniel Gélinas a dit vouloir obtenir «une puissance de son, une présence de son incroyable comme n'importe quel show rock».

Le programme de ce «Concert amplifié», comme on l'a désigné, comprendra ainsi un extrait de l'Heptade qui sera traité sur le même pied que le premier mouvement de la 5e symphonie de Beethoven, le Roméo et Juliette de Prokofiev, La chevauchée des Walkyries de Wagner et la puissante finale de L'Ouverture solennelle 1812 de Tchaïkovsky, pour ne nommer que ceux-là.

Daniel Gélinas a ainsi délibérément choisi des oeuvres très connues du grand public, précisément pour que celui-ci s'y reconnaisse et puisse éprouver, avec une muraille sonore, des éclairages recherchés et des effets de scène divers, toute la force de ces pièces.

«Toutes les tounes sont connues du public, les gens sont debout, ils crient, c'est ce qu'on veut, a martelé le producteur. On veut que les gens crient comme si c'était un show rock.»

«Je capote!»

L'idée d'insérer un extrait de l'album d'Harmonium s'est imposée d'elle-même, selon Daniel Gélinas, la musique de l'extrait choisi, composée par Serge Fiori, étant d'une facture très proche de l'écriture classique.

Serge Fiori, qui était présent à l'annonce du concert, dit n'avoir réalisé que «dans les dernières années à quel point mon écriture de base était classique», notamment lorsqu'il a préparé la récente réédition de l'Heptade.

En contrepartie, il sait très bien d'où vient cette influence, même s'il n'a aucune formation en musique classique.

«Même avant de gratter la guitare, j'ai écouté beaucoup de classique et ç'a dû faire un travail. Mais aussi je suis italien! Je suis nostalgique, romantique... les grandes envolées, ça se fait tout seul dans mon écriture», a-t-il dit.

L'auteur-compositeur-interprète s'est cependant dit «extrêmement honoré» de voir son travail ainsi mis en valeur aux côtés de tels monuments du répertoire classique et peut-être un peu intimidé, aussi.

«Je capote, là! Je suis pas bien... Je vais avoir un moment d'euphorie et un grand choc en même temps», a-t-il dit en entrevue avec La Presse canadienne, ajoutant qu'il était très heureux de pouvoir assister à une répétition avant le concert car celui-ci lui donne un trac fou.

«Je vais voir des concerts classiques, j'écoute Beethoven, Prokofiev, Stravinsky et là, c'est moi. C'est comme Wow, c'est très, très, très touchant.»

Le concert mettra aussi en vedette la soprano Nathalie Choquette, maintes fois complice des visions peu orthodoxes de Daniel Gélinas.

Le Concert amplifié sera présenté le 1er mars au Grand Théâtre de Québec et le 2 mars au Centre Bell dans le cadre du festival Montréal en lumière.