La lauréate du Félix de l'auteur ou compositeur de l'année - la première femme à recevoir ce prix depuis 1993 - poursuit la tournée de son deuxième disque, L'étoile thoracique. Son moment: le gala de l'ADISQ.

«Je sais que c'est cliché, mais j'ai choisi le gala de l'ADISQ. Quand je suis arrivée à la soirée, je ne m'attendais à rien. [...] C'est tellement des extras de la vie, gagner des prix, ça n'a tellement pas de rapport avec la musique. Tu t'assois dans une salle en attendant de peut-être gagner un prix, c'est inhabituel. C'est un moment où tu flottes un peu dans le vide, très étrange et flou.

«J'ai été comme buzzée du début à la fin. Le gros gala avec le tapis rouge, c'est déjà weird. [...] Mais quand on annonce que je suis la gagnante, c'est comme un autre buzz: ‟OK, il faut que je marche, que j'essaie de me rendre au micro et que je dise des trucs dans cet état-là". 

«C'est drôle, parce que quand j'ai gagné le Félix de la révélation de l'année il y a deux ans, parmi les commentaires, on disait que j'avais dû prendre de la drogue ou de l'alcool, alors que j'étais à jeun. Les gens ne comprennent pas que c'est juste vraiment bizarre. Ce n'est pas comme chanter des tounes que tu as écrites et que tu as décidé de pousser jusqu'à les chanter devant public...

«Pour mon discours, j'avais réfléchi à deux points. Je ne me souviens plus si j'ai dit autre chose. Je suis contente d'avoir réussi à sortir des mots qui n'étaient pas trop ridicules.»

«Sur la scène, j'ai cherché les visages de ma mère et de mon gérant. Deux personnes chères, pour qui ça signifie quelque chose que j'aie gagné ce prix. C'était le fun de partager des regards avec des gens que ça touchait. Mais c'était des regards furtifs, j'étais quand même en train de parler, et c'est facile de perdre le fil ! Ce moment est passé hyper vite, il y avait un compteur en arrière, je me disais que je n'aurais pas assez de temps. Je ne sais pas si j'ai parlé vite - je pense que oui, quand même, pour essayer de tout dire et pour n'oublier personne.

«Une fois dans la salle de presse, j'étais toujours dans le même état. J'ai développé la capacité de faire des entrevues, de parler de ce que je fais, de comment je me sens... C'est vraiment un travail de longue haleine pour moi d'être capable d'extraire ma pensée et de la communiquer. Mais dans la salle de presse, c'était vraiment beaucoup d'entrevues! En même temps, de voir tous ces visages familiers, il y avait quelque chose de beau et festif là-dedans. Disons que c'était long et joyeux.

«Parce que la joie, je l'ai ressentie tout le long, pour vrai. Dès que j'ai entendu mon nom, je l'ai ressentie, et beaucoup plus qu'avant. J'ai eu la chance de gagner beaucoup de prix et d'avoir beaucoup de reconnaissance depuis que je fais de la musique, mais souvent, je me disais: ‟voyons, pourquoi, c'est trop". J'essayais de ne pas m'attacher au sentiment de fierté. Pour ce deuxième album, j'ai décidé de lâcher ça lousse, de vivre la fierté et les émotions qui ne reviendront peut-être pas. Il y a des moments qu'il faut savourer dans la vie...

«Par contre, ça ne change rien à ma vie concrètement. Je fais de la tournée en ce moment, j'ai plein de projets. Je ne suis pas davantage sur l'adrénaline, c'est juste un sentiment où je me plais. Mais il va falloir que je continue à travailler et à maintenir mon niveau de créativité, parce que c'est ce qui me fait me sentir vivante, pas mal plus que gagner des prix. Je vois ça plus comme une tape dans le dos au bon moment. Après, tu retournes à la vie normale, qui est de faire des spectacles, de jouer du piano chez moi et de préparer de la soupe.»

Photo Catherine Lefebvre, collaboration spéciale

L'auteure-compositrice-interprète Klô Pelgag