Comment ils sont entrés dans un groupe. Comment ils en sont sortis. *

Ça a commencé en pétant un système de son. Ça s'est fini «par la force des choses».

Salut...

«Octobre, ça date de 1972, mais on peut dire que ça a commencé après l'Expo, en 1968, dans ces eaux-là.

«Dans notre premier groupe, The Lost [Les perdus], il y avait déjà Jean Dorais à la guitare et moi à la basse. Après ça, on a eu un band de reprises qui s'appelait Gladstone. Le cousin de Jean, Pierre Flynn, s'est joint à nous. On jouait du Rolling Stones. Du Yardbirds. On donnait de petits shows dans les écoles, dans les sous-sols, on faisait des danses. Il y avait deux anglophones avec nous, Ken et Don. J'ai continué un bout avec eux, Pierre est parti, mais on ne s'est jamais perdus de vue.

«On s'est retrouvés au cégep Saint-Laurent. J'étais en technique d'architecture. Lui en arts et lettres. Les après-midi, on se rencontrait dans la grande salle. Pierre me disait qu'il avait commencé à écrire des chansons. J'ai tout de suite été charmé par ce qu'il me faisait entendre. Ses textes, ses musiques, c'était déjà beau et original. On touchait de plus en plus à la musique francophone.

«On allait chez ses parents pour répéter, il restait aux abords de Ville Mont-Royal. On jouait dans le salon, je ploguais ma basse dans le système de son de son père. Je suis certain que j'ai pété le système de son du bonhomme!

«Pierre Hébert s'est joint à nous. C'était LE batteur dans le bout de Côte-des-Neiges. Ensuite, Jean Dorais est venu nous rejoindre. On se connaissait tous déjà. On était tous dans la même gang de quartier.

«On a été chanceux. On n'a pas eu un mécène, mais presque : un chum qui travaillait dans le milieu, Dominique Brunet. Il nous a aidés à mettre un pied dans la business de la musique, ce qui nous a permis d'enregistrer notre premier disque.»

Bye!

«Il n'y a jamais eu de scission majeure pour Octobre. Mais pour le fonctionnement en groupe, il y a eu des années plus difficiles un peu après l'album Clandestins (1982). Avec Octobre, ça devenait de plus en plus difficile de... disons que le travail rapportait de moins en moins. Alors on pognait de petites jobines ici et là.

«Pierre Hébert a été très sollicité. Il avait un parcours musical plus étoffé, alors il avait de plus en plus de contrats dans le milieu commercial. Jean faisait lui aussi des choses de son côté.

«De mon côté, ce sont des années où j'ai moins travaillé. Les basses synthé prenaient beaucoup d'importance dans le paysage musical à ce moment-là... Heureusement, j'avais commencé à jouer de la basse quelques années plus tôt pour un jeune chanteur à barbe nommé Paul Piché... Et pour Michel Rivard, qui m'avait appelé pour qu'on travaille ensemble sur son premier disque.

«Tout ça pour dire qu'il n'y a pas eu de rupture drastique. On a cessé par la force des choses. Et c'est d'ailleurs pour ça qu'on s'est retrouvés plus tard avec grand bonheur. J'ai eu le plaisir de jouer avec Pierre Flynn sur sa dernière tournée. Jean est allé dans l'informatique. Pierre Hébert continue à faire de la tournée. Mais je suis sûr que s'il y avait une volonté, on pourrait se retrouver encore... »

Toujours vivant!

Mario Légaré a joué pour un paquet d'artistes québécois et est toujours resté loyal envers ses «vieux copains» Rivard, Piché et Flynn, qu'il accompagne encore régulièrement. Il travaille actuellement sur le deuxième album de Magnéto, un groupe de jazz atmosphérique, avec le batteur Sylvain Clavette et le guitariste Rick Haworth. «On se pète la fuse avec toutes sortes de sons», dit-il, toujours heureux de son sort. Mario Légaré se produit avec Pierre Flynn tout l'automne dans une vingtaine de villes du Québec.

* Une série librement inspirée du magazine Mojo.