Comment ils sont entrés dans un groupe. Comment ils en sont sortis.

Salut...

Ça a commencé sur un banc de parc...

«En 1965, j'avais 15 ans. J'habitais Outremont et, l'été, on grattait nos guitares dans les parcs, à jouer du Everly Brothers ou du Simon & Garfunkel. C'est là que j'ai rencontré François [Guy] et son cousin Louis Parizeau. Louis était le moteur et le verbomoteur du groupe. Il avait beaucoup d'allant. Dès qu'on a vu les Beatles, on s'est dit: "On se part un band et on joue le jeu." On connaissait trois accords. On s'est lancés... On est arrivés tellement au bon moment qu'on a eu un succès fou. Les gens adoraient ça, on était dans ta face.

«Le premier show qu'on a fait, c'est à Outremont, à l'école Querbes. Il y avait un gymnase où ils faisaient des danses le samedi soir. Ça s'appelait La Planque. On avait deux, trois gardes de sécurité qui faisaient semblant de contenir les gens avant le show, comme si les gens voulaient passer les clôtures, même si c'est pas du tout ce qui se passait. On est arrivés sur une Corvette avec deux gogo-girls et une grosse Cadillac noire. C'est devenu l'hystérie. Ça n'a jamais lâché. On ne partira pas dans la grande apologie des années 60, mais c'était toute une époque. Il faut tenir compte du fait qu'on était tous emportés par ce qui se passait; ça a permis à de jeunes musiciens iconoclastes comme nous de sauter là-dedans et de devenir le premier garage band au Québec. Je pourrais même formellement dire qu'on a inauguré le psychédélisme au Québec.»

Bye!

Ça s'est fini parce que le groupe avait ses limites...

«Je suis resté trois ans dans Les Sinners. On avait du fun, c'était un feu roulant, il y a plein de guitaristes qui sont passés dans le band. Mais à la longue, les limites du groupe ont commencé à me paraître évidentes. Un jour, j'ai voulu qu'on apprenne de nouvelles chansons, des classiques comme Jailhouse Rock. Pas un truc très compliqué. Mais on a eu bien de la misère. Les gars ne pigeaient pas le downbeat. Ils n'étaient pas très musicaux. Tant que ça faisait bang bang, ça allait. Mais dès que ça devenait plus sophistiqué, ça se compliquait. On n'aurait jamais fait deux sets dans un club de jazz!

«À ce moment-là, je me suis dit: "C'est pas avec ces gens-là que je vais faire le genre de musique que je voudrais faire." J'évoluais, je voulais essayer de nouvelles choses, plus musicales. Alors j'ai dit: "Je m'en vais, c'est pas grave." Il n'y a pas eu d'animosité. Il y avait déjà eu beaucoup de va-et-vient dans le groupe, avec entre autres François, qui était parti fonder La Révolution Française. Moi, je voulais juste passer à autre chose. J'allais plus vite. Ça s'est fait naturellement, organiquement.

«J'ai essayé de donner une nouvelle direction à ma carrière comme chanteur à voix. Sur mon premier album, Bientôt, je reprenais en français de gros succès de chanteurs à voix comme Engelbert Humperdinck et Tom Jones. J'ai aussi chanté dans des milliers de réclames publicitaires. C'est une époque où je cherchais ma voie. Je savais que j'avais de la voix, mais je ne savais pas quoi faire avec... Je ne voulais pas devenir un chanteur lyrique, mais, comme je voulais perfectionner mon chant, je suis entré au Conservatoire de musique en 1979. Après, on m'a offert des rôles à l'Opéra de Montréal. C'est ce qui m'a mené, éventuellement, à chanter les hymnes nationaux pour les Canadiens.»

Toujours vivant!

Charles Prévost-Linton chante toujours. Il lance cet été Cette voix qui nous habite, aux éditions Marcel Broquet. «Exploration sur le phénomène du chant», ce livre en grande partie théorique inclut un volet biographique, où le chanteur revient sur les grands épisodes de sa carrière. «Il s'est passé tellement de choses fabuleuses dans ma vie. C'est pour l'entertainment value

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* Une série librement inspirée du magazine Mojo.