Une file d'attente interminable, des noeuds papillon dans des cheveux bleus ou violets et des refrains repris par des adolescentes déchaînées: Paris accueillait cette semaine le premier festival consacré à la K-Pop en Europe, la pop coréenne en plein essor.

Super Junior, Block B,  SHINee, BTS, Girl's Generation: ces groupes viennent de Corée du Sud et sont emblématiques de la K-Pop, un petit nom acidulé pour «Korean Pop».

Un savant mélange de pop occidentale avec des paroles coréennes entonnées par des «boys bands» et «girls bands», et un phénomène né en Corée du Sud en 1992 qui séduit depuis les années 2000 au-delà des frontières jusqu'à conquérir l'Europe.

La «première édition européenne» de la «KCON 2016», un festival consacré à la K-Pop, s'est tenue jeudi à Paris avec une affiche musicale assurée par six groupes: SHINee, Block B, BTS, FTIsland, F(x) et IOI.

Sous les parapluies colorés dans la queue qui serpentait sur près d'un kilomètre devant les portes, on parlait toutes les langues.

Les 12 000 places mises en vente pour le concert se sont écoulées en seulement quelques heures, selon l'organisation. Avec des fans venus de France, mais aussi du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de l'Allemagne ou de l'Espagne.

Maria, 18 ans, a dépensé plus de 300 euros pour venir de sa banlieue de Barcelone et a patienté plus de 10 heures dans la queue pour assister au concert: «J'en suis folle, c'est de la pop, mais ça combine tout! Qu'eux, qui viennent d'un autre continent, viennent dans le pays d'au-dessus du mien, je m'en fous, je viens!»

Parfaitement calibrés

Pour faire un bon groupe de K-Pop, prenez des jeunes gens, beaux, habillez-les à la mode et faites-leur chanter des ritournelles sentimentales sur un rythme entraînant, le tout sur des chorégraphies savamment étudiées.

Col claudine orné de perles et rouge sur les lèvres, Eva, une Française de 16 ans, a passé deux nuits devant la salle de concert pour être sûre d'être bien placée dans la fosse. Capable de reprendre les refrains des chansons, la lycéenne peut aussi disserter des heures sur la vie privée des stars coréennes.

«Les «boys bands» sont tellement ringards en France... les gens ne comprennent pas», renchérit à ses côtés Aure, 18 ans, venue spécialement de Lyon, dans le centre du pays.

La «hallyu» - la vague coréenne - s'exporte depuis déjà plusieurs années à travers la planète. Ceux, ou plutôt celles - il s'agit en majorité de filles - qui y ont pris goût raffolent de ces groupes de chanteurs au style parfaitement calibré par les maisons de production.

«Le visuel est très important: il faut des beaux gosses et des belles gosses», analyse Luna, 19 ans, qui a elle aussi dormi par terre sous une bâche pendant une nuit. Mais, dit-elle, «avec la K-Pop, je peux écouter tous les styles de musique que je veux: hip-hop, pop...»

Le pays, qui s'est également fait remarquer grâce au célébrissime tube Gangnam Style de Psy, mise sur sa musique, mais aussi sur ses séries, feuilletons chastes aux sveltes stars androgynes, les «K-dramas»,  pour faire connaître sa culture. Une sorte de «soft power» assumé.

En France, depuis janvier, la chaîne privée TF1 les propose gratuitement sur «MyTF1 Xtra», qui offre des contenus à la demande.

«Oui, c'est le business de la culture, mais on ne se concentre pas sur l'argent», assure Hyunh Kwan Shin, du groupe CJEM, organisateur du festival KCON 2016, qui souhaiterait voir plus loin.

«Aujourd'hui ce que nous aimerions, c'est que les fans puissent aimer la mode, la nourriture, la gastronomie que leurs idoles adorent».