Les Grateful Dead remontent sur scène à Chicago pour le long week-end de la fête nationale américaine, probablement l'adieu du légendaire et quinquagénaire groupe rock.

Les milliers de fans qui se sont arraché les billets pour les trois concerts témoignent d'un attachement intact pour le groupe, icône de la contre-culture des années 60, et précurseur par sa capacité à créer une communauté de fans, en dehors des courants dominants.

Aller à un concert des Grateful Dead, «c'était presque comme aller à l'église. Tu y allais et tu en ressortais plein d'énergie, nettoyé», explique Greg Griffith, venu à Chicago depuis la Virginie.

Il affirme avoir assisté à plus de 100 concerts du groupe depuis 1973, faisant partie de la communauté itinérante de fans caractéristique du groupe. «Tu étais toujours en train de guetter la prochaine occasion d'aller les voir», explique-t-il.

Issus du bouillonnement culturel du San Francisco des années 60, les Grateful Dead jouent une musique généralement qualifiée de rock psychédélique, qui intègre des éléments de blues, de country, de bluegrass et de jazz.

Pour les fans, chaque concert était unique, du fait de la capacité du groupe à improviser sur scène.

Un certain nombre de ces fans --surnommés les Deadheads-- sont devenus des célébrités, comme le fondateur d'Apple Steve Jobs, l'ancien vice-président américain Al Gore, ou le doyen des sénateurs américains, le démocrate Patrick Leahy.

«Ce n'est pas surprenant que des gens brillants trouvent leur musique convaincante et attractive, parce qu'elle est complexe», selon Rebecca Adams, une universitaire qui a étudié la culture des Deadheads.

Formateurs d'identité

«Vous devez être sensibles à certaines choses pour apprécier leur musique et, qui que vous soyez sur le plan professionnel, vous devez être assez vif», affirme celle qui est également directrice du programme de gérontologie à l'Université de Caroline du Nord/Greensboro.

Les Grateful Dead «ont amené beaucoup de gens à se former une identité autour d'eux», relève-t-elle.

Près de 500 000 personnes ont cherché à acheter en ligne des billets pour les concerts de Chicago, un record pour le vendeur en ligne Ticketmaster. Sans compter les milliers qui ont acheté des billets par courrier.

Devant l'inflation du prix des billets au marché noir, des dates ont été rajoutées (jusqu'à 1000 dollars par billet), notamment deux concerts le week-end dernier près de San Francisco.

Selon le site de revente de tickets StubHub, les Grateful Dead ont généré 65 % de ventes en plus par concert que la superstar contemporaine Taylor Swift.

«C'est de loin l'une des tournées les plus demandées que nous ayons jamais vues», a déclaré la porte-parole de StubHub, Cameron Papp.

Le lieu des concerts à Chicago, le stade de Soldier Field, est aussi celui du dernier concert du groupe avec le guitariste Jerry Garcia, souvent considéré comme le pivot du groupe, et mort en 1995.

Le groupe jouera avec le guitariste Trey Anastasio de Phish, souvent considéré comme le groupe héritier de Grateful Dead, et avec le chanteur et pianiste Bruce Hornsby.

Beaucoup de fans attendent une dernière expérience communautaire. «Qui que l'on soit, on se sent si exceptionnellement heureux», affirme Lisa Peters, qui vient de Buffalo, dans l'État de New York.

«Ils ne parlent quasiment jamais à la foule, mais on se sent toujours intégré à ce qui se passe», dit-elle.

Les Grateful Dead ont prévenu que les concerts de Chicago seraient probablement leur dernière apparition sur scène.