Jacques-André Dupont est un gars de guitares. Comme d'autres sont des gars de chars ou de bicycles. Il en achète, il en joue, il les collectionne (il en a une trentaine), il en parle avec ses semblables et suit l'activité «guitaristique» sur l'internet.

«JAD» est aussi actionnaire de l'Équipe Spectra dont il a longtemps été vice-président marketing avant d'être nommé directeur général après la vente de la maison au Groupe CH. Ce qui en fait aujourd'hui le patron des FrancoFolies, du Festival de jazz et de Montréal en lumière. «Gros gars», comme dirait Richard Desjardins, mais gars de guitares néanmoins.

Comme il l'était en 2007 quand il a mis sur pied le Salon de la guitare de Montréal, présenté pendant quatre jours dans le cadre du Festival de jazz. L'affaire, qui avait sa propre série de concerts, Guitarissimo!, s'est promenée d'hôtels en palais des congrès, a grossi jusqu'à rassembler quelque 150 luthiers du Canada, des États-Unis et de l'Europe, qui trouvaient à Montréal tant des fanas de la six-cordes que des clients avides: 200 instruments vendus en 2011!

La dernière édition du Salon a eu lieu en 2012. Disparue à cause de l'escalade des coûts - espace locatif au centre-ville, hôtels en haute saison - et d'autres raisons plus lourdes encore. «Les douaniers américains avaient commencé à se montrer plus sévères sur l'importation de certains bois considérés comme espèces en danger», nous expliquait Dupont vendredi. «Ce qui a fini par causer une grande paranoïa chez les luthiers qui craignaient de ne pouvoir rentrer chez eux avec leurs instruments...»

Un événement marquant de cette «campagne» a été la descente, au printemps de 2011, d'agents fédéraux, armés, dans les usines de Gibson au Tennessee pour trouver du bois de rose de «contrebande»; deux ans plus tôt, au même endroit, un premier raid avait mené à la saisie d'ébène supposément «illégal».

Remporter le Graal de la guitare

Quoi qu'il en soit, le Salon de la guitare avait vécu... et Spectra se retrouvait avec ces 13 instruments uniques, achetés au fil des ans aux plus grands luthiers du monde. Que faire avec ces guitares de 3000 $ qui apparaissent «aux livres» dans les bilans? Les vendre? C'était une possibilité, mais Jacques-André Dupont a choisi une autre avenue.

«On a décidé de commencer à les donner, en tenant un concours qui permettra à quatre gagnants d'atteindre le Graal de la guitare...» Et le boss d'expliquer que le Holy Grail Guitar Show de Berlin a été mis sur pied en 2014 par des luthiers européens qui s'étaient rencontrés deux ans plus tôt au Salon de la guitare de Montréal. «C'est un peu notre legs...»

Le concours La musique change des vies, très simple, débutait lundi: les participants de la relève, qui doivent avoir entre 18 et 35 ans, doivent envoyer la vidéo d'un solo (de guitare, oui) d'une minute au montrealjazzfest.com/concoursguitare et expliquer par écrit, en 200 mots, l'importance de la musique dans leur vie.

Le jury - J.-A. Dupont, le guitariste Jordan Officer et François D'Amour de Bell, le commanditaire - choisira trois gagnants tandis que le public en désignera un quatrième, pendant le Festival de jazz (du 26 juin au 5 juillet). Les lauréats, en ordre de préséance, iront choisir leur guitare - classique, jazz, électrique... - dans la collection Ste-Cat le samedi 11 juillet.

Jacques-André Dupont est un doer. Pendant plusieurs années, il a organisé un concours de guitare (avec des prestations live), mais y a mis fin parce que la chose ne suscitait plus la passion. Par contre, son Camp de blues, qui réunit pendant le Festival de jazz une quarantaine de jeunes de 13 à 17 ans, en est à sa dixième année et grandit toujours sous la direction de Vincent Beaulne, le leader de Blues Delight. «Avant, il fallait aller dans les écoles, parler aux profs et tout. Aujourd'hui, ce sont les jeunes qui viennent à nous...»

Parmi lesquels une dizaine d'adeptes de la guitare, l'instrument qui change plus de vies que tout autre. Et une fois la vie changée, il faut changer de guitare...

Solo!

Radical Walter

Comme pour les autres lauréats des Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène, l'ONF a mis en ligne samedi un film sur le compositeur d'avant-garde montréalais Walter Boudreau, sa vie et son oeuvre, «ses frasques et sa curiosité artistique sans bornes». Réalisé par Matthew Rankin, nommé aux Jutra de 2012 pour Tabula Rasa, Les exploits radicaux de Walter Boudreau flotte «à mi-chemin entre le documentaire biographique et la folle hallucination abstraite»...

Par ailleurs, Jean-Marc de la réalisatrice Annie St-Pierre raconte l'histoire du propriétaire d'un club vidéo chinois pour qui il n'y a qu'un seul réalisateur à découvrir, celui de Wild et de C.R.A.Z.Y.: Jean-Marc Vallée, lauréat du Prix du Centre national des arts 2015.

Les autres artistes qui sont les sujets de la série de l'ONF Les arts du spectacle au Canada: une célébration sont le cinéaste Atom Egoyan, la chanteuse Sarah McLachlan, les comédiens Diana Leblanc et R.H. Thomson et le mécène Michael Koerner.

À l'agenda

L'été, jeudi... - La violoniste Marianne Di Tomaso, «Nouveau Visage» de La Presse en musique classique en 2014, interprétera L'été, des Quatre saisons de Vivaldi, jeudi au Centre de la nature de Laval, dans le cadre du premier concert L'orchestre dans la cité, avec l'Orchestre symphonique de Laval dirigé par Alain Trudel, son chef.

Jazz de chambre - Le pianiste Oliver Jones et la chanteuse de jazz Ranee Lee se retrouveront samedi à la salle Bourgie du MBAM pour le concert d'ouverture du 20e Festival de musique de chambre de Montréal. Ce festival, fondé et dirigé par Denis Brot, accueillera jusqu'au 21 juin de grands noms de la musique tels Marc-André Hamelin, Marie-Josée Lord et le quatuor Dover.