Impossible de tout couvrir à EM15, festival de musique électronique et d'art numérique, heureuse fusion de MUTEK et d'ELEKTRA présentée depuis mardi, particulièrement au Métropolis, au théâtre Impérial et au Musée d'art contemporain de Montréal.

L'équilibre entre propositions substantielles et divertissement s'en porte mieux, on peut déjà conclure à une réussite. Voici donc une série de courts comptes-rendus servis en vrac. Si vous étiez sur place, comparez vos impressions. Sinon, il y a lieu de découvrir tous ces artistes sur la Toile.

Tim Hecker, MAC, 27 mai

À la veille du concert inaugural du grand orgue Pierre-Béique à la Maison symphonique, le Montréalais Tim Hecker (bientôt transplanté à Los Angeles) nous proposait un autre chapitre de ses fameux bourdons... très souvent chargé d'échantillons d'orgues brillamment déconstruits. Les courbes sinusoïdales de ses fréquences mélodiques ponctuent légèrement l'horizontalité de la proposition. Le volume très élevé, les coulées de distorsion et l'épais brouillard de glace sèche annulant toute visibilité dans la salle ajoutaient au caractère mystérieux de cette immersion, convergence de musiques sacrées et/ou anciennes, et de futurisme technologique.

Oneothrix Point Never, MAC, 27 mai

L'Américain Daniel Lopatin, alias Oneothrix Point Never, était l'une des pointures invitées au festival EM15. Le musicien qui enregistre chez Warp aime hybrider l'abstraction électroacoustique à des musiques plus balisées, inspirées de la club culture. Sur scène, les concepts bruitistes, magmas de fréquences saturées s'imbriquent dans des grooves lents et mélodies d'une étonnante légèreté, à tel point qu'on en ressent parfois la disparité, la facture parfois touffue, voire alambiquée.

Robert Lippok, MAC, 27 mai

Chez l'Allemand Robert Lippok, la cohérence esthétique était plus grande que celle de son prédécesseur. Descendant du punk et de la musique industrielle, cet artiste électronique combine avantageusement rythme, bruits, fréquences lourdes et assourdissantes. On a ici l'impression d'un continuum intégré. Seule interrogation au programme : en conclusion, l'artiste se couvre d'une couverture simili aluminium sur laquelle les éclairages produisent des effets banals. On se serait passé de cette séance «patate au four»...