On ne sait toujours pas si c'était un meurtre ou un accident. Quarante-cinq ans après sa mort, le guitariste des Rolling Stones, Brian Jones a irrémédiablement emporté le secret dans sa tombe. Noyade, oui, mais comment? Meurtre? Accident?

À dire vrai, la question n'intéresse plus grand monde. Même pas les fans du groupe, qui ont depuis longtemps tourné la page.

Mais il arrive, à l'occasion, qu'un nostalgique enthousiaste revienne sur les lieux du drame, en l'occurrence cette fameuse piscine extérieure du manoir de Cotchford Farm dans le Sussex, où le drame est survenu en juillet 1969.

C'est le cas de Philippe Brossat, auteur du bouquin Places I Remember (éditions Le mot et le reste), consacré aux lieux mythiques du rock de 1954 à 1980, qui lui consacre une demi-douzaine de pages.

Ce publiciste français a passé 20 ans à rechercher les endroits mythiques de l'histoire du rock et de la musique soul. Son pèlerinage l'a mené dans 36 lieux, de San Francisco à New York, en passant par Londres, Detroit, Memphis, Berlin, Pompéi et bien sûr Cotchford Park, où se trouve (toujours) la tristement célèbre piscine de Brian Jones.

Le résultat a de la gueule. Il y a du texte, des itinéraires, des listes de chansons, et des photos prises par Brossat au cours de ses nombreux périples. Occasion de constater à quel point la plupart de ces lieux ont changé, quand ils n'ont pas tout simplement disparu, comme les studios Stax à Memphis.

Pour l'inédit, par contre, on repassera. Conçu pour touristes et non pour routards, le guide de voyages de Brossat offre peu de surprises. Si on s'éloigne un peu des sentiers battus (le studio allemand où Bowie a enregistré l'album Low, par exemple), la plupart des destinations sont des évidences. Le champ de Woodstock? Le passage clouté d'Abbey Road? Les studios Sun? Le Chelsea Hotel? Le CBGB's? Les fameux crossroads de Robert Johnson?

On a déjà vu plus original. Et très franchement, on commence à en avoir un peu marre de ce bouillon réchauffé de rock-musée-empaillé qui n'en finit plus de brasser les mêmes épices. À la longue, ça finit par ne plus goûter grand-chose.

Cela dit, une question nous titille: pourrait-on faire un livre semblable pour le Québec? Notre histoire du rock n'est sûrement pas comparable à celle de l'Angleterre ou des États-Unis. Mais ça ne veut pas dire qu'on est en manque de lieux mythiques.

En avez-vous en tête? On serait curieux de le savoir. D'ici là, voici le fruit de notre vox pop informel.

L'oratoire Saint-Joseph

Théâtre de la fameuse Messe des morts à l'Oratoire du groupe Offenbach en novembre 1972. Un événement marquant, resté dans les annales du rock québécois. Lieu culte et lieu de culte, qui dit mieux? Le disque du spectacle a été réédité il y a quelques années (Saint-Chrone de Néant, étiquette Prog Québec).

Le 863, rue Rachel

Le 8 mai 2000, le chanteur des Colocs Dédé Fortin est retrouvé mort dans son appartement de la rue Rachel à Montréal, résultat d'un suicide par hara-kiri. Une mort rock, tragique et spectaculaire. On ne passera plus devant le 863, Rachel sans y penser...

Le studio d'André Perry (Brossard)

C'est sur la rue Malo (7545 ou 7585 selon les sources) que Jean-Pierre Ferland a enregistré l'album Jaune et Charlebois, la chanson Lindberg. C'est aussi là qu'André Perry a mixé les choeurs de la chanson Give Peace a Chance, qu'il venait d'enregistrer avec John et Yoko à l'hôtel Reine Elizabeth. Quelques années plus tard, le producteur déménagera ses pénates à Morin-Heights, où il créera un autre studio légendaire.

L'Escapade (Saint-Hyacinthe)

Cette salle de spectacle de la rue Saint-Simon à Saint-Hyacinthe n'existe plus depuis au moins 45 ans. Mais elle a été un lieu crucial pour la vague yéyé-rock'n'roll des années 60. Tous les groupes issus du fameux «triangle d'or» (Sorel, Saint-Hyacinthe, Drummondville) sont passés par là: les Lutins, Hou Lops, Gants blancs, Sultans, Mykels, on en passe.

Les Foufounes électriques.

On a longtemps hésité entre les Foufs, le vieux Club Soda, le Spectrum et la Casa del Popolo. Mais les Foufounes électriques ont fini par l'emporter. Depuis 1983, haut lieu de la culture punk, hardcore et alternative à Montréal. Un incontournable, point final.