«Petite tournée régionale au Québec? Fantastique! À part Montréal, Québec et Rimouski, je ne connais pas le Québec. Il fait froid? J'apporterai mes combinaisons!»

Au bout du fil, John Scofield, un des guitaristes de jazz les plus renommés de son époque se montre très enthousiaste à l'idée de faire des kilomètres au nord de la frontière. Il jouera ce soir et demain à Montréal, vendredi à Sherbrooke, samedi à Valleyfield, et dimanche à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Le contrebassiste Scott Colley sera du voyage: «Nous travaillons ensemble depuis quelques années, dit Scofield. Ce musicien est un authentique virtuose. Il peut tout jouer. Aujourd'hui, bien sûr, il se trouve beaucoup plus de virtuoses qu'autrefois, mais Scott Colley demeure très spécial pour moi.»

Le batteur Bill Stewart est un complice de longue date: «C'est le meilleur! lance le musicien. Je souhaite sincèrement pouvoir jouer avec lui le plus longtemps possible. Ensemble, nous avons joué très souvent avec le bassiste Steve Swallow, mais ce dernier passe une partie de l'hiver dans les Caraïbes. J'ai donc besoin d'un autre bassiste et Scott prend alors le relais. Ce qui est une très bonne nouvelle!»

Tout à fait libre

Qu'y a-t-il au programme de cette tournée québécoise?

«Nous allons certainement en jouer de nouvelles pièces, répond Scofield. Je vais mélanger le répertoire inédit avec de plus vieilles compositions. Sans compter des standards, du bebop, de l'improvisation libre. Avec ces gars-là, toutes les formes de jazz moderne ou contemporain doivent être prises en compte.

«Au cours des années 60, les musiciens autour de Miles Davis nous ont enseigné que nous pouvions jouer free, tonal, modal. Auparavant, Ornette Coleman et Cecil Taylor jouaient exclusivement leur musique, alors que Wayne Shorter, Chick Corea, Tony Williams ou Herbie Hancock ont montré qu'on pouvait tout jouer. Ils ont été mes mentors.

«Mon amour pour les instruments à cordes remonte à mon adolescence, comme Albert King. Aujourd'hui, ça s'étend jusqu'aux musiques arabes, indiennes, du monde entier. Depuis si longtemps, on frappe sur des cordes, on essaie d'en tirer des émotions. Après toutes ces années de travail, je vois mon jeu de guitare comme l'extension de la voix humaine.»

Discographie considérable

Au début des années 80, l'arrivée du CD et la prolifération des festivals spécialisés ont relancé le jazz. John Scofield en fut l'un des plus éminents bénéficiaires. Il a fait une quarantaine d'albums à titre de leader, dont les cinq derniers sous étiquette EmArcy. Trente ans plus tard, qu'en est-il?

«Très difficile, dit-il. Plusieurs doivent enseigner au lieu de jouer. J'enseigne moi aussi, mais je le fais par choix, car j'aime vraiment le faire. Je m'estime très chanceux d'être encore capable de gagner ma vie en jouant. Et de pouvoir compter sur un auditoire qui déborde le cadre des jazzophiles purs et durs.»

Bio express

1970: Il passe son enfance dans le Connecticut, où il commence à jouer de la guitare à l'âge de 11 ans. Jusqu'en 1973, il suit des cours au Berklee College of Music. Puis, il commence sa carrière dans le groupe de Billy Cobham et George Duke.

1977: Après deux ans, le groupe se sépare. Scofield reste à New York. En 1977, il enregistre avec Charles Mingus, avant de se joindre au Gary Burton quartet, puis au Dave Liebman Quintet.

1982: Pendant trois ans, il accompagne Miles Davis partout dans le monde, sur scène et en studio.

1989: Il signe chez Blue Note Records et part à l'exploration du swing. Avec le saxophoniste Joe Lovano, il enregistre trois albums.

1994: Il accompagne le guitariste jazz Pat Metheny (I Can See Your House From Here, 1994) et Bill Frisell. En 1995, Scofield passe à l'étiquette Verve Records.

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Le trio de John Scofield se produit ce soir et demain à L'Astral.