La vie en rose, Hymne à l'amour, Padam, Padam et bien d'autres chansons, plus rares, sont revisitées en version symphonique et figurent au répertoire du spectacle Kaas chante Piaf, dont la chanteuse française a donné le coup d'envoi le 5 novembre au Royal Albert Hall à Londres.

Un spectacle inédit, assorti d'un album éponyme (EMI), que Patricia Kaas présentera jeudi soir au Trianon à Paris, avant de partir sur la route - elle sera à Montréal le 22 novembre - et défendre de par le monde ce brin d'ADN de la chanson populaire française qu'est Édith Piaf, dont on célébrera en 2013 le cinquantenaire de la disparition.

Quand on lui a demandé si elle était prête à monter un projet hommage à Piaf, elle a aussitôt donné son accord sauf si c'était pour faire du «copier/coller», a expliqué à l'agence Sipa Patricia Kaas, à Paris.

Une fois la décision prise, quelques obstacles demeuraient, et pas des moindres. Comment rendre la haute tenue émotionnelle de l'oeuvre de Piaf sans tomber dans la facilité? C'est alors que fut sollicité Abel Korzienowski, à qui l'on doit la musique du film A Single Man de Tom Ford, pour lequel le musicien a reçu une nomination aux Golden Globes.

«Quand le nom d'Abel a été évoqué, je me suis dit qu'avec toute la machine hollywoodienne, on n'arriverait jamais à l'avoir. Pourtant, il a tout de suite été séduit par le projet», raconte Patricia Kaas. Elle se souvient aussi des exercices de funambule auxquels elle a été soumise afin que le spectacle puisse se nourrir de la puissance symphonique des arrangements hollywoodiens, sans trahir la rugosité des textes chantés par Piaf.

Une grande partie du travail a consisté à faire un choix parmi quelque 400 titres, puis d'en réenregistrer la musique en version symphonique. «Ce fut là un autre défi pour moi», confie Patricia Kaas pour qui «chanter avec un orchestre symphonique est horriblement difficile». «Je m'en suis bouffé tous les ongles», glisse l'artiste qui reconnaît ne pas savoir lire la musique.

Priée de dire si elle et Édith Piaf, toutes deux originaires d'un milieu modeste, pourraient cultiver d'autres points communs si ce n'est avoir porté haut et fort la langue de Molière dans le monde entier, Patricia Kaas se dit touchée.

«Bien sûr, tout le monde peut interpréter du Piaf à 20 ans, mais le fait d'avoir vécu des choses, des choses difficiles, m'aident beaucoup à chanter certaines chansons», avance-t-elle.

Car, quand elle chante du Piaf, Kaas n'a pas besoin de réfléchir aux émotions. «Je connais cette souffrance, cette douleur de perdre quelqu'un, même si ce ne sont pas les mêmes histoires : je crois que c'est le point commun le plus important que j'ai avec Édith Piaf», a-t-elle exprimé. «Avec, sans doute, la déception et la popularité», conclut-elle.